27 sept. 2007

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GREVE GENERALE
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1898 : Déclenchement d'une grève des ouvriers terrassiers * de Paris, le mouvement concernant 20 000 ouvriers . Le 8 octobre la troupe intervient pour protéger la liberté du travail. Pendant ce temps le Président Félix Faure que ses contemporains surnommaient le ' Président Soleil ' en raison de son goût pour le luxe et le faste faisaient changer des serrures ... Ponchon ironise...



" M. Félix Faure a fait remplacer toutes les serrures de l'Elysée."
( Gazettes du jour )




De Montmartre à Montrouge
Pas un chantier ne bouge ;
Sur le sol ni sur l’eau !
Un vrai tableau !

Une lyrique flemme
Y plane, un vrai poème :
Et point vous n’y verriez
Un ouverrier.

Le pont même Alexandre
Est obligé d’attendre
La bonne volonté
D’un comité ;

La splendide Esplanade
Est dans une panade ;
La gare d’Orléans,
C’est le néant !
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Personne n’y travaille
Même vaille que vaille.
On n’en fout pas un coup :
C’est pas beaucoup.

Si bien qu’on se demande
Que deviendra la Grande
Nôtre Exposition ?
That the question.

Tous les corps de métiers :
Maçons et charpentiers,
Forgerons, menuisiers
Et terrassiers ;

Tous les décorateurs,
Les zingueurs, les couvreurs,
Balayeurs, ajusteurs,
Les débardeurs ;

Les charretiers, rouliers,
Briquetiers et plombiers,
Les mécaniciens,
Praticiens ;

Les carriers, les fumistes,
Tapissiers, ébénistes…
Et j’en passe, d’ailleurs,
Et des meilleurs ;

Se sont tous mis en grève.
On croirait faire un rêve.
Où vont-ils s‘arrêter
Ces entêtés ?


Un y trouve son compte,
A ce que l’on raconte :
C’est le cabaretier :
Quel bon métier !

* *

Il faut que l’on excepte
De cette grève inepte
Le corps des ouverriers
Serreurreuriers.

Ceux-là, dans l’Elysée
Trouvent besogne aisée
Chez notre cher Félix,
Notre Phénix !


Car cependant qu’il fouille
Les tirés de Rambouillet ;
Qu’il ne sait pas un mot,
Un traître mot

De tout ce qui se passe ;
Qu’il dévore l’espace
Avec son vieux Brisson,
Son canasson,

Il songe à ses serrures,
A leurs fioritures,
Fait mettre sur ses clefs (1)
Quelques F. F .





RAOUL PONCHON

le Courrier Français - 18 oct. 1898


(1) prononcer l’ f pour la circonstance.

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