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L’AMATEUR

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A propos des GONCOURT...*
Beaucoup les prennent pour des amateurs, des gentlemen faisant joujou avec la littérature, en raison de leur particule et de leur apparent désœuvrement.
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Moi et Daudet ..
(de Goncourt, journal, passim)
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« Ainsi, j’aurai vécu pendant septante années
Dans le renfermement,
J’aurai sur un cuir dur eu les fesses tannées
Et cela vainement !

A l’instar de Turpin marchand de mort subite*
Je serai l’inventeur
D’un explosif nouveau nommé la Japonite ;*
Comme littérateur

J’aurai peut-être usé cent dix-mille plumes
A produire environ
Dans les quarante-cinq, quarante-six volumes,
Un double quarteron,

Et voici que sous ce prétexte ridicule
Que j’ai nom de Goncourt
C’est-à-dire Goncourt avec la particule
Et non Goncourt tout court ;

Que la distinction suprême de mon être
Qui sauterait aux yeux
D’une taupe saurait me faire reconnaître
Entre tous ces messieurs,

Certains idiots qui jamais ne laborèrent
Le quart de mon labeur
Me prennent pour un pied et ne me considèrent
Que comme un amateur,

Un gentleman ridé bon pour l’agriculture,
A l’esprit paresseux
Et qui s’amuserait à la littérature
A ses moments oiseux !

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Une chose bizarre aussi qui les épate
Et les met en émoi
C’est ce Journal écrit par un « aristocrate »
Comme ils disent de moi.

Et pourquoi - s’il vous plaît - suis-je un aristocrate ?
Un vulgaire amateur ?
Cela c’est bientôt dit. Et parbleu, je me flatte
D’être un parfait auteur,

D’avoir autant que Paul Bourget de l’écriture,
Du style et du meilleur,
Et d’apporter en Art comme en littérature
Le flair d’un artilleur.

Et pourquoi Maupassant serait-il gendelettre -
Et moi pas comme lui ?
Gendelettre j’ai la prétention de l’être,
Comme n’importe qui ;

Et le serai toujours. Mais je ne veux pas être
Gendelettre-amateur
Non je ne veux pas l’être amateur-gendelettre.
Tu m’entends bien, lecteur.

Gendelettre-amateur ! amateur-gendelettre ! !
Qué malheur ! Amateur !!!
Delettregendamagendamateurdelettre !!!!
Amateur !!!!! Et ta sœur ? »

(il tombe épuisé dans les bras de Porel)*




Raoul Ponchon

1894
(qui sera académicien Goncourt en 1924)
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