29 sept. 2007

.
.
DECOUVERTE
DU POLE NORD
.

De la glace comme d’autre glace. Le pôle Nord, ce n’était que cela !

Dr COOK
*


Le docteur Cook a-t-il rêvé ?
Ou bien, faut-il l’en croire :
A-t-il le pôle Nord trouvé,
A sa plus grande gloire ?

En tous les cas, il en est sûr.
Mais il ne paraît guère
S’être beaucoup emballé sur…
« le pôle est bien vulgaire,
*

Dit Cook, qui s’est assis dessus.
« Oh ! non. Il n’est pas drôle,
Et combien nous fûmes déçus !
N’allez jamais au pôle,


« Mes enfants, vous seriez volés,
Vous et votre équipage.
Il n’est que des cerveaux brûlés
Pour faire ce voyage.

« J ‘avais cru, tels mes devanciers
Et pareille aventure,
Trouver au-delà des glaciers,
Dont-ils sont la ceinture,

« Quelque continent fabuleux,
Un vrai pays de rêve,
Comme ceux-là des contes bleus,
Plein de vie et de sève.

« Là sous un ciel des plus cléments,
Ignorant les banquises,
Circulaient des hommes charmants
Et des femmes exquises…

« Ou bien, c’était un peuple fou,
Bizarre, plus qu’étrange,
A tout le moins topinambou.
Il y poussait l’orange !…


*
* *


« Eh bien, il n’y a rien du tout,
Homme, femme ni diable ;
C’est de la glace tout partout
A la nôtre semblable.

« Cà et là, quelques ours flapis
Montrent leur panse obèse.
Mais quoi ! tous ces futurs tapis…
Quelle belle fichaise !

« On y meurt de soif, de sommeil.
On y jouit - c’est pire -
D’octante degrés, au soleil,
De froid - ça va sans dire.

« le pôle, ce n’est que cela !
Moitié neige, tout glace,
Avec des courants d’air. Voilà !
Qui hurlent dans l’espace… »



*
* *


Parbleu, docteur, vous eûtes tort,
Je le dis, je le pense,
De découvrir le pôle Nord.
A quoi ça nous avance ?

Il avait bien plus de saveur,
Avant votre entreprise :
Le savant sinon le rêveur
L’inventait - à sa guise.

Eh mon Dieu ! pourquoi pas cela ?
Il serait bon sur terre
Qu’il fût encor par ci par là
Quelque coin de mystère.

Mais l’explorateur conquerra
Le monde, mètre à mètre,
Ce qui fait que l’on ne saura
Bientôt plus où se mettre !


Raoul Ponchon
06 septembre 1909


Aucun commentaire: