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ART JAPONAIS
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A mon ami Mussigueno, Japonais.
C’était avant cette âpre guerre
Entre le Russe et le Nippon,
Un jour que, n’ayant rien à faire,
Je me promenais au Japon ;
J’entrai chez un célèbre artiste,
Un mien ami, fou de couleur,
Habitant Tokio, - j’insiste, -
Boulevard des Pruniers en Fleur.
Jugez de ma bonne fortune,
Je le surpris à travailler :
- Tu sais que si je t’importune…
- Du tout, fit-il, tu veux railler.
Puis, il se remit à l’ouvrage,
Comme si je n’étais pas là,
Et, sans souci de mon suffrage,
Tout un art il me révéla.
C’étaient de fins profils de femme,
En costume luxuriant,
Qui déroulaient, comme une gamme,
Leurs grâces mièvres d’Orient
C’était avant cette âpre guerre
Entre le Russe et le Nippon,
Un jour que, n’ayant rien à faire,
Je me promenais au Japon ;
J’entrai chez un célèbre artiste,
Un mien ami, fou de couleur,
Habitant Tokio, - j’insiste, -
Boulevard des Pruniers en Fleur.
Jugez de ma bonne fortune,
Je le surpris à travailler :
- Tu sais que si je t’importune…
- Du tout, fit-il, tu veux railler.
Puis, il se remit à l’ouvrage,
Comme si je n’étais pas là,
Et, sans souci de mon suffrage,
Tout un art il me révéla.
C’étaient de fins profils de femme,
En costume luxuriant,
Qui déroulaient, comme une gamme,
Leurs grâces mièvres d’Orient
C’étaient des guerriers et des sages,
De mythologiques héros,
Et puis d’intimes paysages,
Comme en rêva Corot.
Je vis avec stupeur éclore
Et palpiter sous ses pinceaux
Une miraculeuse flore
D’insectes, de fleurs et d’oiseaux.
Et, devant mon âme ravie,
En traits précis et déliés,
Il donnait le sens et la vie
Aux objets les plus familiers.
Quelquefois, dans le minuscule,
Il s’attardait comme un bavard ;
Sachant que rien n’est ridicule
Quand il est sublimé par l’Art.
Enfin, l’artiste que j’honore
Faisait une œuvre de Beauté,
Sur laquelle flottait encore
Comme une teinte de bonté.
Et je regardais, bouche bée,
S’aligner les kakémonos
Frémissant sous ses doigts de fée,
Aussi furtifs que des moineaux.
Mais un détail, dans sa peinture,
Me rendit pourtant soucieux ;
Il me sembla qu’il n’avait cure
De peindre à ses oiseaux… des yeux.
Or, voulant en savoir la cause,
Je le lui fis remarquer.
Alors, il me dit une chose
Bien faîte pour m’interloquer :
- Dieu m’épargne cette bévue !
Vraiment, mon ami, tu es fol.
Que si je leur donnais la vue,
Tous ces oiseaux prendraient leur vol.
R.P
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