.
.
.
SARDINES
.

A Odon G. de M.
L’amiral Lockroy * propose d’adopter les boîtes de sardines pour l’armée.
( Gazettes du jour )
Puisque tu veux savoir où je
Vis et bouge,
Apprends donc, mon vieux maboul,
En qui le désordre gîte,
Que j’habite
Un pays nommé Tréboul.
A bien moins d’une enjambée,
C’est la baie
Vaste de Douarnenez,
Et Douarnenez lui-même,
Vrai carême
De sardines à plein nez.
C’est bien le terrain classique
Jurassique,
De la sardine, vraiment,
Ou bien alors je m’abuse,
Triple buse,
Et manque de jugement.
Toujours est-il qu’on en bouffe,
Béni bouffe
Par tous les pores du corps,
Par les pieds et par les douilles,
Par les bourses
Et le bas du dos encor.

On ne vit que de sardine.
On en dîne
Et déjeune, Dieu merci !
Et de plus on en réserve,
En conserve,
Et l’on en empaille aussi.
Tous les enfants, dès leurs langes,
Vous en mangent,
C’est le noyau des repas.
Et le cas me semble rare
Et bizarre,
Elles ne diminuent pas.
Quelle est l’odeur citadine ?
La sardine.
Les maisons, les gens, les fleurs,
Tout la sent, c’est effroyable ;
Et le diable
Y fait sévir des chaleurs !
Toute une escadre de pêche
Se dépêche
Pour en pêcher nuit et jour,
On porte les non usées
Aux musées :
O sardinesque séjour !

Partout ce ne sont qu’usine
De sardines,
On en compte plus de cent.
Et ce ne sont qu’usinières
Sardinières :
Avouez, c’est renversant.
Bien sûr, cette sardinasse nous menace
Et nous mangera, je crois,
Si l’on ne la tient en laisse
Sans faiblesse.
Et je comprends que Lockroy
Veuille remplacer la soupe
De la troupe
Par des sardines. C’est le
Seul moyen, sous Félix Faure,
- Et encore -
De s’en défaire, parbleu !
R.P
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire