29 sept. 2007

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Conquête de la France
par les Anglais
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A Hugues Delorme

Si les anglais escamotent déjà quatre lettres sur le mot Shakespeare ( Chexpir ), on se demande ce qu’ils peuvent escamoter sur le reste.
( Sagesse des Nations )



Il est bien évident que si les gars normands
Ont conquis l’Angleterre,
Les Anglais à leur tour indubitablement
Conquièrent notre terre.

Et ce n’est pas à coups de fusil, de canon,
De sabres d’escopette,
*
De haches d’abordage ou de dum-dum, oh ! non !
Mais à coups de fourchette…

Sur la grève normande et la lande bretonne
De Dieppe à Paramé…
Vraiment, c’est effrayant ce que cet Anglais donne,
Implacable, affamé.


Il est tel trou pas cher, telle plage notoire
Où, pendant les juillets
Et les aoûts, vous pouvez absolument vous croire
En plein pays anglais.

Ce ne sont que pieds plats, âpres doigts et dents longues,
Que gentlemen et miss,
Que mentons en galoche et figures oblongues,
Que crockets, que tennis !

L’Anglais fait triompher ses us et ses coutumes,
Nous vire lof pour lof…
*
Nous impose ses goûts, ses modes, ses costumes,
Et ses flirts et ses bluffs…

Les hôtes sont pourris d’Anglais, ils empoisonnent.
Rien qu’en ce Val André
On peut compter au moins un Anglais par personne,
Et par mètre carré.

Avec ça les patrons leur ont des complaisances
Qu’ils n’auraient pas pour nous,
Français ; leur demandant s’ils ont leur suffisance,
Les servant à genoux.


Encor si ces Anglais présentaient de leur race
De beaux échantillons,
Des yeomen
* accomplis, des miss pleines de grâce,
En de beaux cotillons ;

Mais non, ils nous envoient tout ce qu’ils ont de pire.
C’est pour nous dégoûter
D’aller reconquérir leur pays de Shakespeare ?
Tenez, sans insister :

A la table où j’absorbe une vaine patûre,
Je suis environné
D’Anglaises. Onc
* n’ai vu de pareilles gravures
Depuis que je suis né.

Avec ça vous pensez un sans-gène bissexte
* :
L’une fourre ses os
Dans mon assiette, ou bien m’engueule, sous prétexte
Que je prends son morceau !

Son morceau ! Et cette autre, à mon nez, à ma barbe,
Me barbote mon pain.
Celle-ci met ses dents de vieux cheval de Tarbe
*
Dans mon verre de vin…


Non vraiment, c’en est trop. Je suis très longanime,*
Mais, qu’est-ce que tu veux ?
Je finirai par perdre, à ce jeu-là, ma rime,
Mon Hugues et mes cheveux !



R.P
le Journal -08 sept 1901


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