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CADET - RAOUL

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( Même air )


Evidemment, ce fin maboul
Qu’on appelle Cadet-Raoul,
Descend - au moins par une échelle -
De notre vieux Cadet-Rousselle. *

Ah ! ah ! ah ! oui, vraiment,
Cadet-Raoul est bon enfant !

Cadet-Raoul a trois habits ;
Mais dans un seul il se tapit,
Car sur lui la guigne se vautre,
Il ignore où sont les deux autres.


Cadet- Raoul a trois poils ; deux
Ornent son crâne impétueux.
Le troisième croît et frisotte
Dans la paume de sa menotte.

Cadet-Raoul a trois pépins,
Deux qui ne lui servent à rien ;
Quant au troisième, il le promène,
S’il fait beau, pendant la semaine.

Cadet-Raoul a trois châteaux.
L’un n’existe qu’en son cerveau ;
L’autre est au pays de Cocagne,
Et le dernier est en Espagne.

Cadet-Raoul a trois trésors,
Dont deux non découverts encor ;
Le troisième, il passe ses veilles
A le chercher dans les bouteilles.

Cadet-Raoul a trois terreurs :
D’être pris pour un empereur,
Du vin qui n’a pas de nature,
Aussi de la magistrature.


De sa vie, il fait trois parts, trois,
Voire quatre : il dort, mange et boit ;
D ‘autres fois, il boit, dort et mange,
Et se gratte où ça le démange.

Cadet-Raoul a trois raisons
D’être heureux : gras comme un cochon,
Son estomac est admirable,
Et son gosier est vénérable.

Cadet-Raoul a trois bons dieux :
Dieu, d’abord, qu’il compte pour deux,
Mais qu’il lâche, le misérable,
Pour ne pas affliger le Diable.

Cadet-Raoul a trois devoirs :
Le premier, de laisser pleuvoir ;
Voir venir serait le deuxième,
Jamais se frapper, le troisième.

Cadet-Raoul a trois lecteurs.
C’est deux de trop pour un auteur ;
Il est clair que tout le problème
Est de se contenter soi-même.

Ah ! ah ! ah ! oui, vraiment,
Cadet-Raoul est bon enfant !


R.P
le Journal - 16 sept. 1903