29 sept. 2007

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CENTENAIRE
DE
LA SAUCISSE DE FRANCFORT
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Les Viennois s’apprêtent à célébrer le centenaire de la saucisse de Francfort,
inventée en 1805 par Jean Lahner.*



Muse de la charcuterie,
Remémore-toi, je te prie,
La gloire de ce Jean Lahner,
De qui la verve créatrice
Imagina cette saucisse,
Voici tantôt un siècle, hier.

Certes, la saucisse dut naître.
- Je suis prêt à le reconnaître -
Peu de temps après le cochon ;
Mais elle était vague et quelconque,
Et ne l’appréciait quiconque,
Sans se monter le bourrichon.

Enfin, ce Jean Lahner superbe
Vint - je dirai : comme Malherbe,
Pour peu que vous le permettiez -
Qui, doué d’une âme assez forte,
Sut débrouiller, en quelque sorte,
L’art confus des vieux charcutiers.

Industrieux comme une abeille,
Il y passa plus d’une veille,
Tant qu’à la fin, il dit : « Voilà
Ce que j’appelle une saucisse !
Tout le reste est immondice
Que le diable manipula. »

A moins d’être cent fois et une
Patriote comme la lune,
De fait, déclarons, tout d’abord,
Que le parangon des saucisses,
A notre époque , en exercice,
Est la saucisse de Francfort.



*

O chair idéale ! O merveille !
Pour que ma faim point ne s’éveille,
Quand tu parais sur d’aigres choux,
Faudrait que j’eusse, ô Francfortoise
Une indolence indo-chinoise,
Comme un palais en caoutchouc.

Jadis, quand tu n’étais encore
Qu’une saucisse à son aurore
Nous t’ignorions : mais aujourd’hui
Non plus que l’art n’a de patrie,
O fleur de charcuterie !
Tu n’en as pas. Ton jour a lui !

Universelle, mondiale,
Dessus la table impériale
Tu figures trois jours sur deux.
Et tu peux, saucisse, ma mie,
Te guinder en ta bonhomie,
Jusques à la table des dieux.



R.P
1905

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