Ainsi donc, tout augmente,
De façon alarmante,
Le vivre, le couvert,
Les truffes, l’air…
Les proprios obèses
Louent plus cher leurs punaises,
Leurs maisons de rapport,
Mais sans confort.
Assurément, le riche
S’en fiche et contrefiche.
Paîra-t’il pas toujours,
Malgré leur cours,
Ses truffes, ses volailles,
Toutes autres mangeailles,
Et son loyer, pas moins,
Dieu m’est témoin !
Mais toi, bon prolétaire,
Comment compte-tu faire
Pour sortir d’embarras ?
Tu me diras :
« Certes, c’est bien dommage.
Mais avec du fromage
Sur un morceau de pain,
Quand on a faim,
« Tout de même on s’en tire.
Et, pour parer au pire,
On couche sous un pont,
En vagabond,
« Ou dans des terrains vagues… »
Allons donc ! Tu divagues ;
Ces endroits, à Paris,
Sont hors de prix.
Pour quant à ton fromage,
J’admire son ramage,
Et sur ton pain encor
Je suis d’accord…
Mais il faut, mon bonhomme,
T’en montrer économe.
Ils coûtent cher aussi,
En ces jours-ci.
Et, si ça continue,
Je vois l’heure venue
Où tu ne pourras pas
Faire un repas,
Si ce n’est (qui n’est guère)
Des seuls trous d’un gruyère
Sur les seuls trous d’un pain.
Plus tard, enfin,
Je vois ton humble épouse,
Coquette, sur sa blouse
Porter, comme un bijou,
Un « chabichou ».
Ou, voulant à ta gosse
Payer une âpre noce,
Je crois t’ouïr d’ici
Dire ceci :
« Je t’offre, ma chérie,
Un triangle de brie
Arrosé de claire eau
Chez le bistro. »
Tout en songeant au siège,
Quand Paris, sous la neige,
Payait au poids de l’or
Un hareng saur.
RAOUL PONCHON
1 commentaire:
Je découvre à l'instant et par le plus complet des hasards votre blogue consacré à ce méconnu mais prolifique auteur. Auguste initaitive, soyez-en remercié.
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