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BALLADE
en l’honneur de Raoul Ponchon
en l’honneur de Raoul Ponchon
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Cent vignerons, si c’est peu qu’on le dise,
Font dans nos ceps la vendange des vers :
Le pavillon couvre la marchandise
Puisqu’il en vient de Genève, d’Anvers,
De Bucarest et de tout l’univers ;
Mais de ce vin dont la marque est certaine,
Signé : Villon, Régnier et La Fontaine,
Un cabaret balance le bouchon
Aux alentours de la Samaritaine :
Le cru gaulois, c’est chez Raoul Ponchon.
L’heureux rimeur ! Tandis qu’on « ronsardise »
Et qu’on se tue à des rythmes pervers,
Soir et matin, selon la musardise,
Il livre au verbe un combat sans revers,
Et, de la main, mouche un « sonnet d’Arvers »,
Puis déambule à gré de turlutaine,
Bon piéton, à Sceaux ou Morfontaine,
De broc à pinte et de pinte à cruchon,
Et de la blonde il passe à la châtaine ;
Le cru gaulois, c’est chez Raoul Ponchon.
Au paradis veut-on qu’il s’interdise,
Si j’y vais droit, d’aller, lui, de travers,
Lorsque son nez, fait pour la friandise,
Hume la rime ainsi que le convers
Renifle à l’oie ou la truite aux vers ?
L’Académie est une pretantaine
Qu’on court à tort passé la cinquantaine,
Et le bocal y vaut le cornichon !…
Sur ce : trouvez l’âge du capitaine !…
Le cru gaulois, c’est chez Raoul Ponchon.
Envoi
Prince, au Sénat j’ai vu Croquemitaine ;
Jaurès l’a morne et Guesde puritaine ;
Le moine gris rabat son capuchon,
Et puis la treille est cosmopolitaine :
Le cru gaulois, c’est chez Raoul Ponchon.
Emile Bergerat
le Figaro / 1er juin 1907
Cent vignerons, si c’est peu qu’on le dise,
Font dans nos ceps la vendange des vers :
Le pavillon couvre la marchandise
Puisqu’il en vient de Genève, d’Anvers,
De Bucarest et de tout l’univers ;
Mais de ce vin dont la marque est certaine,
Signé : Villon, Régnier et La Fontaine,
Un cabaret balance le bouchon
Aux alentours de la Samaritaine :
Le cru gaulois, c’est chez Raoul Ponchon.
L’heureux rimeur ! Tandis qu’on « ronsardise »
Et qu’on se tue à des rythmes pervers,
Soir et matin, selon la musardise,
Il livre au verbe un combat sans revers,
Et, de la main, mouche un « sonnet d’Arvers »,
Puis déambule à gré de turlutaine,
Bon piéton, à Sceaux ou Morfontaine,
De broc à pinte et de pinte à cruchon,
Et de la blonde il passe à la châtaine ;
Le cru gaulois, c’est chez Raoul Ponchon.
Au paradis veut-on qu’il s’interdise,
Si j’y vais droit, d’aller, lui, de travers,
Lorsque son nez, fait pour la friandise,
Hume la rime ainsi que le convers
Renifle à l’oie ou la truite aux vers ?
L’Académie est une pretantaine
Qu’on court à tort passé la cinquantaine,
Et le bocal y vaut le cornichon !…
Sur ce : trouvez l’âge du capitaine !…
Le cru gaulois, c’est chez Raoul Ponchon.
Envoi
Prince, au Sénat j’ai vu Croquemitaine ;
Jaurès l’a morne et Guesde puritaine ;
Le moine gris rabat son capuchon,
Et puis la treille est cosmopolitaine :
Le cru gaulois, c’est chez Raoul Ponchon.
Emile Bergerat
le Figaro / 1er juin 1907
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