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LE KAKI
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A Guéneau de Mussy




O vieillard fou d’Egypte,
De Rhamsès et de crypte
Se perdant dans la nuit,
Archi fou d’exotisme,
Surfou de japonisme,
Je vous offre ce fruit.

Il a ma foi, si j’ose
Dire ainsi, quelque chose
De Preobragensky :
Il est de couleur belle
Et répond, s’on l’appelle,
Au doux nom de kaki.

C’est un fruit bien étrange,
On dirait une orange
- Qu’en pensez-vous, Guéneau ? -
Qui serait une pomme,
Si ce n’est une pomme
Qui serait un pruneau.

Mais hélas ! Sans ramage
Ne vaut pas son plumage.
Que le jour soit maudit
Où je mordis à même
Ce kaki de carême
Pour ma gueule inédit.


Il a goût de tomate
Et de concombre à pattes.
Il est tant irréel
Que ça tient du délire.
Je ne sais rien de pire ;
C’est une erreur du ciel.

Non, sacrément tarteifle !
Il n’y a pas de nèfle
Aussi nèfle que ça ;
Bref, ce kaki barbare
Serait, je le déclare,
Mieux appelé kaka.

Eh bien, ce fruit exécrable,
Détestable, abominable,
O vieillard fou de carême,
J’ai pensé à l’instant même
Que vous l’aimeriez beaucoup.

Le voici donc : je veux croire
Qu’il vous donnera la foire
Ce fruit à grincer des dents.
Qui ressemble à votre tête (1)
Dont a parlé le poète :
« Belle tête, rien dedans ! »



R.P




(1) Ou la mienne, si vous voulez, mais la mienne n’est malheureusement pas belle.