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LA POLICE
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La police le sait, elle n’y peut rien faire.
A. POTHEY
A voir de plus en plus les crimes
Se multiplier dans Paris,
Parisiens, vous êtes pris
D’inquiétudes légitimes.
Vous vous dîtes : c’est un peu fort…
A quoi donc songe la Police ?
Elle ne fait pas son service.
Elle doit veiller… Elle dort.
Ne crois pas ça, foule abusée,
Nous avons des milliers d’agents,
Aussi braves que diligents ;
Mais leur tâche n’est point aisée.
Ils ont beau donner du collier
Les malheureux sont à l’attache.
Il en faudrait un par apache
Ou par chaque particulier.
Nous avons des chiens et des chiennes
Possédant un flair d’artilleur,
Et quoi qu’en pense tel railleur,
Nous avons au besoin des hyènes…
Lépine lui-même est adroit, *
Débrouillard et rempli d’astuce,
Et plus agile qu’une puce.
De plus, aux yeux il n’a pas froid.
Il n’est pas de jour qu’il ne pince
Quelques vieux briscards ou conscrits
Du crime, aux vingt coins de Paris,
Seigneurs du « lingue » ou de la pince.
Il n’y va par quatre chemins.
A qui de droit il les défère,
Car c’est là tout ce qu’il peut faire.
Et puis, il s’en lave les mains.
Or, cependant qu’il s’évertue
A coffrer tous ces gaillards-là;
Qui-de-droit - admirez cela,
Tôt après les lui restitue !
Que voulez-vous ? Il n’y peut rien,
Enfin, mettez-vous à sa place.
Il finira, de guerre lasse,
Par vous dire : « Vous voyez bien
« Que malgré tous les stratagèmes
Dont j’use pour vous prémunir,
Je ne pus pas y parvenir.
Comptez-donc un peu pour vous-mêmes.
« Songez que tous ces scélérats
Disséminés dans votre ville,
Ne sont en tout que trente mille,
D’aucuns sont gros comme le bras.
« Que si vous formiez une ligue,
O Parisiens peu hardis,
Vous pourriez de tous vos bandits
Purger Paris, et sans fatigue.
« J’entends que l’on me dit : Pourtant,
Si j’allais crevant quelque panse
Pour ma personnelle défense,
Vous m’arrêteriez dans l’instant ?
« N’en doutez pas. C’est ma consigne
Elle ne saurait varier ;
Je dois cueillir le meurtrier
Quel qu’il soit, que l’on me désigne.
« Mais, à tout bien examiner,
Je crois qu’en semblable occurrence,
Il n’est nul tribunal en France
Capable de vous condamner. »
R.P
le journal - 23 11 1907
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