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LES PORTUGAIS SONT TOUJOURS GAIS
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Visite officielle du jeune et dernier roi du Portugal Manuel II * à Paris.
O jeune roi de Portugal,
Tu te faisais d’avance,
Ve m’a-t-on dit, un vrai régal
De ton séjour en France.
Londres est triste, mais Paris,
C’est une autre guitare ;
Les Jeux, les Grâces et les Ris
M’attendent à la gare…
Songeais-tu , pauvre petit roi,
En ta candeur immense.
Déposé ton rêve à l’octroi.
Ton martyre commence ;
Car, à peine es-tu débarsué
Dans ce Paris superbe,
Le protocole, sur le quai,
Te barbe, jeune imberbe.
Il te faut des discours subir,
A Paris comme à Londre,
Débités en même sabir
Et de même y répondre.
Cela n’et rien. Une fois la
Présentation faite,
Tu voudrais bien tout planter là
Et faire un peu la fête ;
Lâcher cette pourpre d’un cran,
Ce casque qui te pèse,
Tout ton attirail de tyran,
Et te mettre à ton aise ;
Enfin, au gré de ton désir,
Courir la capitale…
Tu n’en auras pas le loisir,
Infortuné Tantale !
La République, ô Manoel !
Ne saurait te permettre
Que du plaisir officiel,
Lequel est assez piètre.
Tu ne pourras pas te ruer
A ceux-là de ton âge ;
Il te faudra partout jouer
Ton royal personnage.
En qualité de Portugais
( Si j’en crois la légende ),
Tu préfères les endroits gais ;
On ne t’en réprimande.
Si tu comptes aller, le soir,
Rigoler sur la Butte
Ou dans tel guignol non rasoir,
On te dira : minute !
Et du coup, on te mènera,
De façon arbitraire,
Entendre Faust à l’Opéra.
Tu ne peux t’y soustraire.
Et puis, tu quitteras Paris
Sans autrement connaître
Ses jeux, ses Grâces et ses Ris,
Ni sa gaîté champêtre.
Et, quand tu rentreras chez toi,
Tu diras à ta bonne
Maman : « Tu sais, Maman, ma foi,
J’aime encor mieux Lisbonne ! »
R.P
le Journal - 29 09 1909
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