30 sept. 2007

.
.
LES PORTUGAIS SONT TOUJOURS GAIS
.

Visite officielle du jeune et dernier roi du Portugal Manuel II * à Paris.



O jeune roi de Portugal,
Tu te faisais d’avance,
Ve m’a-t-on dit, un vrai régal
De ton séjour en France.

Londres est triste, mais Paris,
C’est une autre guitare ;
Les Jeux, les Grâces et les Ris
M’attendent à la gare…

Songeais-tu , pauvre petit roi,
En ta candeur immense.
Déposé ton rêve à l’octroi.
Ton martyre commence ;

Car, à peine es-tu débarsué
Dans ce Paris superbe,
Le protocole, sur le quai,
Te barbe, jeune imberbe.

Il te faut des discours subir,
A Paris comme à Londre,
Débités en même sabir
Et de même y répondre.

Cela n’et rien. Une fois la
Présentation faite,
Tu voudrais bien tout planter là
Et faire un peu la fête ;

Lâcher cette pourpre d’un cran,
Ce casque qui te pèse,
Tout ton attirail de tyran,
Et te mettre à ton aise ;

Enfin, au gré de ton désir,
Courir la capitale…
Tu n’en auras pas le loisir,
Infortuné Tantale !


La République, ô Manoel !
Ne saurait te permettre
Que du plaisir officiel,
Lequel est assez piètre.

Tu ne pourras pas te ruer
A ceux-là de ton âge ;
Il te faudra partout jouer
Ton royal personnage.

En qualité de Portugais
( Si j’en crois la légende ),
Tu préfères les endroits gais ;
On ne t’en réprimande.

Si tu comptes aller, le soir,
Rigoler sur la Butte
Ou dans tel guignol non rasoir,
On te dira : minute !

Et du coup, on te mènera,
De façon arbitraire,
Entendre Faust à l’Opéra.
Tu ne peux t’y soustraire.


Et puis, tu quitteras Paris
Sans autrement connaître
Ses jeux, ses Grâces et ses Ris,
Ni sa gaîté champêtre.

Et, quand tu rentreras chez toi,
Tu diras à ta bonne
Maman : « Tu sais, Maman, ma foi,
J’aime encor mieux Lisbonne ! »



R.P
le Journal - 29 09 1909




Aucun commentaire: