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la " THUYONE "
Ainsi, dans ma foi naïve,
Instinctive,
J’ai bien souvent proclamé,
Dans cette admirable enceinte,
Que l’absinthe,
Ce breuvage mal famé,
N’est point la nocive chose
Qu’on suppose,
Un redoutable poison…
Des hommes d’expérience,
De science
M’ont donné cent fois raisons.
Aussi bien nos fiers sicambres
Des deux chambres
- Quelques-uns l’apprécient fort -
Se sont fait sans préambule,
Un scrupule
De la condamner à mort.

*
*.. *
Disons-le : l’essence acerbe
De cette herbe
Est, prise modérément,
Stomachique et fébrifuge
Si j’en juge
D’après mon tempérament.
Au demeurant, n’en abuse
Pauvre buse
Jusqu’à saturation ;
Car les boissons les meilleures
Sont des leurres,
En trop grandes rations.
C’est toutes les infamies
Les chimies
Qu’introduisent sans merci,
Dans l’absinthe, des pratiques
Hérétiques,
Qui nous gâtent celles-ci.
C’est encore un tas de plantes
Virulentes
Qui dénaturent son goût ;
Et de toutes, la thuyone
La moins bonne
Broche, dit-on, sur le tout.
Si l’on mariait encore
Cette flore
A quelques alcools loyaux…
Mais non, on te les macère,
O misère !
Dans un affreux tord-boyaux.

*
*.. *
Après tout, il est possible,
Admissible,
Que précisément soit
Cette thuyone illicite,
Qui m’excite,
En l’absinthe que je bois.
Et que cette thuyone
Empoisonne,
C’est un poison lent et doux ;
Sans cela je devrais être,
Pauvre ancêtre,
Depuis longtemps dans les choux.
R.P
17 juin 1912
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