27 sept. 2007

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LOTI
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Loti *, loin de son frère Yves, *
Près des rives
Qu’arrose le pont des Arts,
Vient mouiller sous la Coupole,
Nécropole
Où dorment nos vieux lézards.

Il a, selon la coutume,
*
Un costume
Tout persillé de cerfeuil,
Une épée - oh ! négative,
Qu’inactive !
Qu’il se met parfois dans l’œil.

Avec Renan et Mézières
Pour lisières.
A tribord et à babord,
Il s’asseoit, met sa perruque
Et reluque
Le vilain sexe, d’abord.

Quand, au bout d’une minute,
L’Institute
Lui dit : C’est assez t’asseoir,
Largue tout, vas-y, commence
Ta romance » ,
Il tient le suivant crachoir :


*
* *


Ma douleur est vive
Et grand mon souci :
Mon brave frère Yve
N’étant pas ici.

On eût pu - ce semble -
Lui faire de l’œil,
Nous nommer ensemble
Au même fauteuil.

Ce bougre que j’aime,
D’ailleurs parlerait
Bien mieux que moi-même
D’Octave Feuillet.

*
* *

O Feuillet
* ! O Clave !
Sous-Emile Augier,
Quel métier d’esclave,
De t’élogier !

Je dis d’esclave ivre ;
J’en suis jà moulu,
D’autant que ton livre
Je ne l’ai pas lu ;…

Non plus qu’autre chose,
Je ne lis jamais
Que ma propre prose…
Et encore… mais

Yve, en quelque sorte
Lit fort couramment ;
Ce qu’ici j’apporte,
C’est son jugement :


*
* *


« Ce roi des ganaches
Feuillet est donc mort !
Que dire des vaches
Qui vivent encore ?

« De Goncourt ?… ah, mince !
Il me fout des rots,
Daudet est trop mince
Et Zola trop gros.

« Le naturalisme
Est du sous-caca,
Le psychologisme
Du re-sous-caca ;

« Parmi - Dieu les damne ! -
Les jeunes sujets,
Prévost est un âne
Vêlé par Bourget…

« Vois-tu, mon vieux frère,
Il faut leur montrer
A tous ton derrière…
Et… pare à virer… »

Voilà, chers convives,
Ce que me disait
Mon brave frère Yves
Qui s’y connaissait.



*
* *


Là-dessus et non sans grâce,
Il repasse
Son habit à Zola,
Puis il va revoir sa veuve
Près du fleuve
Qu’on nomme Bitazola. (1)


R.P
le Courrier Français - 17 avril 1892

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(1) on dit aussi Bidassoa

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