3 janv. 2010

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BONNE ANNEE

I

Hivers, printemps, étés, automnes
Que monotones
Vous êtes, les quatre saisons !
C’est toujours aux mêmes époques
Mêmes chansons,
Aux mêmes cieux, mêmes défroques.

Quand ne brille pas le soleil
Clair et vermeil.
C’est cette fadasse de Lune :
Ou bien encore tu ne vois
Ni l’un ni l’une,
Ou tu vois les deux à la fois.

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L’heure succède à l’heure, et l’heure
N’est pas meilleure.
Tout est d’intérêt dépourvu,
Et chaque chose a quelque chose
De déjà vu,
Voire le digéré - si j’ose.


II

O nuits ! Que fleurissent les rêves,
Ces fleurs si brèves !
O matins frais et parfumés !
Roses de la naissante Aurore,
Avrils et Mais,
Midis éclatants et sonores !

Voyez avec quelle science
La providence
Diversifia les saisons
Et leur harmonie infinie !
C’est là, disons,
Ni plus ni moins que du génie,

Ainsi fleurit, après l’hiver,
Le printemps vert :
Après l’été doré, le digne
Et rouge automne dont le chef
Est ceint de vigne,
Et c’est l’hiver blanc, derechef.



Et c’est toujours l’espoir immense
Quand l’on commence :
Or sans me piquer de savoir
Quelle sera sa destinée,
Je crois devoir
Augurer bien de cette année.

Car Dieu nous la fit un lundi
Je dis lundi
Quand il pourrait, ne vous déplaise,
La faire issir un vendredi,
Et même un treize !

C’est pourquoi faisons-lui crédit.
Donc à partir de cette année,
La joie est née !
Aux arbres pendent des jambons :
Nous avons d’or nos caves pleines
Et de charbons
Et le vin coule des fontaines.




Raoul Ponchon
1922

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