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POUR UN BUSTE

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Bons camarades de la Presse

Comme aussi de la Poésie

Fleurs de muflisme et de bassesse

Élite par quel Dieu choisie ?...

(VERLAINE - Invectives)

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Certains de nos Juvénaux

De nos vieilles pies

Qui vont noyant, les journaux

Sous d'âpres copies,

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Veulent bien des monuments

pour d'anciens ministres

Qui sous dix gouvernements

Ont été des cuistres ;

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Pour des... que sais-je ?... des riches...

Des pâtres d'andouilles...

Des marchands d'huile ou de suifs

Et des pédezouilles ;

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Ils voient sans inconvénients

Sur leur cheminée

Murger, cet étudiant

De vingtième année,

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Voire, la mère Ibrahim,

Matrone professe

Blessée à Sidi-Brahim

Ainsi qu'à la fesse :

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Dont le seul petit côté

Est en quelque sorte

De n'avoir pas existé

Bien qu'elle soit morte...

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Mais s'agit-il de buster

Notre cher Verlaine

Les mêmes vont protester

Jusqu'à perdre haleine.

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Buster Verlaine ! on se fout

De la République !...

Il a perturbé le goût,

C'est un alcoolique.

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Ce mécréant a vécu

De sorte incongrue...

Et voilà sur ce vaincu

Que chacun se rue,

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Et mesure à son compas

Le noble poète,

Ses chutes et ses faux pas,

Sa galante fête.

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Ceux qui devraient à coup sûr

Être plus sévères

Pour eux-mêmes, daubent sur

Ce roi des Trouvères ;

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Ces censeurs minutieux

Veulent que cet aigle

Ait, pour planer dans les cieux

Des papiers en règle.

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Que dis-je ? tel triste pied

Se paye sa tête :

Il la voudrait plus pompier.

Que ce pied est bête !

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On ne peut, dit le benêt

Etablir un buste

Avec ce profil qui n'est

Pas celui d'Auguste !

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Ainsi, pauvre Lélian,

Ame des moins louches

Toi dont le vers souriant

Vole sur nos bouches,

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Tu n'es pas pour ces lys

Que partout l'on cite,

Ni beau pour ces Adonis :

Eh ! va donc, Thersite !

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RAOUL PONCHON

le Courrier Français

1896.

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