5 juin 2009

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Voici pleuvoir les palmes,
Et des palmes encor.
Pourtant les cieux sont calmes
D’après le Vieux Major.

Venez sans parapluie,
Profitez du moment,
Vous tous que cette pluie
Ne mouille aucunement.

Venez, tous ceux ou celles
Férus de ces godans ;
Les vieilles demoiselles,
Et les jeunes pédants ;


Venez, qu’on vous décore
De cette fleur vous qui
Ne l’avez pas encore
Comme n’importe qui…

Les marchands de cirage
Et de peaux de lapin.
Les cerveaux qui font rage
Dans un crâne en pitchpin.

Professeurs de savate ;
Et vous, maîtres dans l’art
De mettre une cravate,
De jouer au billard…



Reines des blanchisseuses,
Du Temple, des lavoirs
Et des marchés, masseuses
Qui savez vos devoirs…


Fabricants de commodes,
Savants maîtres d’hôtel,
Inventeurs de méthodes
A faire des cocktails ;


Députés platoniques
Et curés défroqués,
Poètes sorboniques
Suprême espoir des quais ;


Les fausses cabotines,
Les ténors dont la voix
Reste dans leurs bottines,
Les huissiers sans exploits ;


Les monstres sans vergogne
Prêts, la nuit et le jour,
Aux plus sales besognes,
Et ceux-là, bien en cour,


Hideux de complaisance,
Sombres lécheurs de pieds,
Maris sans conscience
Cent fois cocufiés ;


Accourez tous - vous dis-je -
Il suffit pour l’avoir,
Cette fleur de prestige,
D’ardemment la vouloir…



*
* ...*


Quant à toi, la suprême
Artiste de nos jours,
Notre Sarah Quand Même,
Attends la croix toujours !


RAOUL PONCHON

le Journal
14 janvier 1907
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le Figaro 16 janv. 1914

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