26 déc. 2008

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NOËL
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Voici la brume de Noël,
C’est Noël dans la brume,
Là-bas, tout doucement au ciel
Une étoile s’allume.


Elle s’allume et resplendit
Dans la nuit comme un phare
Et petit à petit grandit
Et puis, elle s’effare ;

Là voilà qui marche à présent.
Où court-elle si vite
Et par quel ordre tout puissant…
Cette étoile insolite ?…

Quand elle a gagné le Zénith
Elle reste immobile,
Et plane sur un petit nid
Et de chaume et d’argile.


C’est une étable dans un champ
Dans laquelle piaille
L’enfant Jésus sur un méchant
Et rude lit de paille.

La Vierge est là, Joseph aussi,
Tandis que s’égosillent
Un brave bœuf, un âne exquis,
Complétant la famille.

Tout à coup l’âne dit au bœuf :
« Comment, mon vieux roi Charles,
Tu parles ? En voilà du neuf !
Et le bœuf dit : « Tu parles ! ».

* ...*

Mais voici de tous côtés
Des quatre coins du monde,
Sans jamais s’être concertés,
Arrivent à la ronde


Des gens de toutes nations
Avertis par l’oracle,
Couvrir de bénédictions
Cet enfant de miracle.

Ce sont des Hébreux, des Chinois
Des Français et des Russes,
Des Espagnols, des Iroquois,
Des Zoulous, des Borusses,


Des Turcs, des Japonais, des Beurs,
Des Niams-Niams et des Kurdes
Des Botocudos, ces amours,
Et d’autres, plus absurdes…

Tous ces délégués tour à tour
Pénètrent dans l’étable,
Acclamant de grande
clamours
Cet enfant adorable.

Chacun lui fait de beaux présents
Que tout d’abord il casse,
Souriant à ces braves gens
En qui fleurit la Grâce.

En cet instant voilà-t-il pas
Un Anglais qui s’amène ;
Il voudrait voir le petit gars
Comme une espèce humaine.

Tous les autres, vous pensez bien,
Le jettent à la porte,
Lui disant : « Va-t-en d’où tu viens ;
Que le diable t’emporte ! »


Mais l’enfant a tout entendu,
Il parle et lui dit : « Puisque
Auprès de moi tu t’es rendu,
Tu ne cours aucun risque ;

« Tu tombes bien, car aujourd’hui
L’heure pour tous est bonne. »
En même temps il fit sur lui
Le geste qui pardonne.


RAOUL PONCHON
le Courrier français
23 déc. 1900
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