29 déc. 2007

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Bougresse de satanée
Sotte année,
Fous le camp, bonsoir, adieu :
Ah ! nous t’avons assez vue,
O bévue
De ce pauvre vieux Bon Dieu.

Nous t ‘avons assez vécue
Va, cocue,
Quant à moi, je te vomis
Pour les mille et trois misères
Non légères
Que tu fis à mes amis.

Primo, tout d’abord et d’une,
Est-c’que tu ne
M’en tuas pas deux ou trois ?
Si, crapule, si, ganache,
Sale vache,
C’est beaucoup pour une fois.

Tu m’en rendis de malades,
D’invalides,
Tu m’en as estropié,
Tu m’en mis en marmelade
Des solides,
Sans raison et sans pitié.

J’en vois dans une purée
Indurée
Qui les autres ans derniers
Pouvaient s’offrir maintes noces,
Maints carrosses…
Des femmes… des cuisiniers..


J’en vois d’autres en délire,
C’est plus pire.
Des gars plein de jugement,
De rares intelligences,
Des puissances
Dont tu as fait des déments.

Tu as de même été dure,
Triste ordure,
Avec ton sacré printemps,
Pour la vigne mon amie,
Endormie
A cette heure pour longtemps.

Mais, à toi-même qui rognes,
Pâle ivrogne,
Qu’est-ce encore que j’ai fait ?
Vas-tu me dire, bougresse,
Ah ! traîtresse,
Comment, ce que tu m’as fait ?

Eh bien ! mais, toutes ces choses
Dont je cause,
Hein, ça n’est donc rien que ça ?
A ma personne directe,
Vieille infecte,
Bien sûr, tu ne t’adressas.

Moi je m’en fous de la fiole ;
J’suis mariolle,
A te fréquenter, tu sais,
Que j’y gagne ou que j’y perde,
J’te dis : merde !
Si tu comprends le français.




RAOUL PONCHON
Le Courrier Français
12 déc. 1897


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