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POLAIRE

(suite)

A Hugues Delorme

Je vous l’avais bien dit, Delorme
Que Polaire, dans un instant,
Allait être une artiste énorme,
Lorsque je la vis débutant

Dans cette Claudine espiègle
Où elle incarna si joliment,
Remplaçant une étroite règle
Par un subtil tempérament.

Elle était échappée à peine
De son déconcertant concert,
Et je lui dis : « Tu seras reine. »
Et je ne me crus pas grand clerc.

Oui. Cette Claudine à l’école
Lui gagna d’abord mon crédit.
Encore un peu de … protocole…
- Pensais-je - et puis tout sera dit.

Il est des choses qui s’apprennent :
Eh bien, elle les apprendra.
Et des défauts qui se refrènent
Donc, elle les refrènera.

A cette heure, c’est chose faite,
A peu près, ou si peu s’en faut.
Bientôt Paris lui fera fête,
Comme à quelque un sans défaut.

Bien qu’en matière de théâtre
Je sois moins que vous averti,
Hugues, je serais un emplâtre
Si je n’étais pas de son parti.

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* ...*

Je les connais vos vieilles fées
Qui persistent dans le ciel bleu
A jouer les jeunes poupées,
Et dont vous faites votre Dieu !

Je les connais ces demoiselles
S’essayant encore aux froufrous ;
Ces vieux papillons dont les ailes
Sont inertes, rapport aux trous

Heureusement Polaire arrive,
Comme autrefois, Malherbe vint.
Voilà qu’elle prend l’offensive,
Et du premier coup elle vainc.

Delorme, faites-lui des rôles,
- Je vous le dis en vérité -
Elle a de solide épaules,
Sous son air de fragilité.

Vous me direz : Oui, mais son masque
Rendra-t-il une telle passion
Un peu complexe ? Étant fantasque
Jusqu’à l’ostentation.

Et pourquoi pas ? Puisqu’elle est femme
Jusqu’au bout de ses petits doigts,
Artiste jusqu’au fond de l’âme
Et si volontaire à la fois.
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De même qu’elle vous fit rire,
Elle saura vous émouvoir :
Je n’ai pas besoin d’en écrire
Plus outre… Vous l’avez pu voir.

Bref, je crois que plus rien ne voile
Désormais son jeune renom.
Polaire est devenue étoile.
Elle est esclave de son nom !

RAOUL PONCHON
Le Courrier Français
08 fév. 1906
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VOIR EGALEMENT : POLAIRE *