15 oct. 2007

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Portraits à deviner
(on gagne un lapin)
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I


Celle-là bizarre, clownesque,
Paroxyste, funambulesque,
Vive comme un tas de fourmis,
Grouille, s'agite, se démène,
Semble dire en entrant en scène :
Dieu merci ! le couvert est mis .
Pour ce qui est de la... bêtise,
De la petite bêtise...
Lui ferait-on une façon ?
On hésiterait, quoi qu'on dise,
Car ce pourrait être un garçon.


II
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Oh ! oh ! c'est une impératrice.
Plus que reine ! Talent coté
Mais un peu froid comme la Suisse.
Avec ça des grains de beauté
Sur son visage réputé
Qui - disons-le sans artifice,
Doivent se trouver répétés
Sur ses deux excellentes cuisses.



III
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Laide ? ce serait beaucoup dire ?
Les yeux, le nez, tout en l'air.
En toute chose elle est pire,
Ce serait quand même un blair !
Agréable, mais - la bouche !
Oh ! les mouches !



IV
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Elégante, faite au moule
Par quelque sculpteur lascif,
Il serait vraiment excessif
Qu'elle eût des qualités en foule,
Aussi la dit-on un peu moule.




V
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Cette autre, on mordrait dedans,
Comme on fait dans une pomme.
Quand elle sourit, ses dents
Vont l'illuminant tout comme...
Elle est mariée, hélas !
Ménélas !





VI
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Jolie après tout et replète,
Mettons un peu trop - d'un kilo.
Hélas ! que n'est-elle incomplète
Comme la Vénus de Milo !
Celle-ci n'a pas d'oreilles...
Assurent les éléphants.
Le reste est une merveille.
Ca me suffit. Les enfants
Ne se font pas par l'oreille .

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VII
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Des yeux trop clairs, des yeux pervers,
Indéfinissables, gris, verts,
Peut-être bien en porcelaine,
La culotte pas beaucoup pleine ;
Quelque chose comme Pierrot
Serait assez son numéro.
Ce n'est pas la beauté qui flambe,
Mais... la jambe !



RAOUL PONCHON
le Courrier Français
04 oct. 1903

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