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LE CEDRE DU LIBAN
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(CONTE)
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Le botaniste Bernard de Jussieu ramena d'Angleterre en 1734 deux cèdres du Liban, dont la légende affirme qu'il les avait abrités dans son chapeau après un voyage en terre sainte. Il planta le second cèdre dans la Pépinière du Roi au Jardin des Plantes.
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Deux époux s’en allaient flânant
Dans le Jardin des Plantes,
L’un et l’autre s’importunant
De phrases nonchalantes.
Quand, tout à coup, à son mari
Qui n’y prenait pas garde,
Elle dit, en poussant un cri :
- Le bel arbre ! regarde.
- Mais, ma chère, dit celui-ci
Du haut de sa « cathédrale »,
Cet arbre est, que tu vois ici,
Ni plus ni moins qu’un cèdre.
« C’est même celui, bel et beau,
Que Jussieu lui-même
A rapporté dans son chapeau
Au siècle dix-huitième. »
- Dans son chapeau ! Dans un bateau
Tu veux dire, sans doute ?
- Non, je dis bien : dans son chapeau
Ma chère enfant, écoute :
« Voyons. Et tout d’abord, pourquoi
Veux-tu que je t’induise
En erreur ? Oui, pourquoi, dis-moi ?
Voilà de ta sottise !
« Quand Jussieu ce cèdre apporta,
Aujourd’hui centenaire,
Assurément, il était à
L’état embryonnaire.
Deux époux s’en allaient flânant
Dans le Jardin des Plantes,
L’un et l’autre s’importunant
De phrases nonchalantes.
Quand, tout à coup, à son mari
Qui n’y prenait pas garde,
Elle dit, en poussant un cri :
- Le bel arbre ! regarde.
- Mais, ma chère, dit celui-ci
Du haut de sa « cathédrale »,
Cet arbre est, que tu vois ici,
Ni plus ni moins qu’un cèdre.
« C’est même celui, bel et beau,
Que Jussieu lui-même
A rapporté dans son chapeau
Au siècle dix-huitième. »
- Dans son chapeau ! Dans un bateau
Tu veux dire, sans doute ?
- Non, je dis bien : dans son chapeau
Ma chère enfant, écoute :
« Voyons. Et tout d’abord, pourquoi
Veux-tu que je t’induise
En erreur ? Oui, pourquoi, dis-moi ?
Voilà de ta sottise !
« Quand Jussieu ce cèdre apporta,
Aujourd’hui centenaire,
Assurément, il était à
L’état embryonnaire.
« Il n’était gros que d’avenir.
Par conséquent, ma chère,
Il pouvait donc fort bien tenir
Dans un chapeau vulgaire.
« Tout arbre est un tout petit plant
Avant que d’être immense,
Entends-tu bien ? C’est par le gland
Que le chêne commence !
« Or, cet embryon cédétiste
Est devenu cet arbre.
Es-tu convaincue, à présent ?
O cervelle de marbre ! »
- Non, mon ami. Je te défends
D’en dire davantage
A la mère de tes enfants.
C’est du pur radotage.
« Voilà qui serait du nouveau.
A qui feras-tu croire
Qu’un arbre tient dans un chapeau ?
Tu me crois donc poire ! »
- Oh ! qu’oui ! Cabocharde, surtout,
Et de la belle sorte.
Poursuis ton idée, après tout.
Et le diable t’emporte !
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* *
Au bout de vingt ans, sinon plus,
Voilà la pauvre femme
Malade, et tous soins superflus ;
Elle allait rendre l’âme.
Alors, appelant son mari :
- Courage, lui dit-elle.
Ne te frappe pas, mon chéri,
Notre âme est immortelle :
« Nous nous retrouverons chez Dieu.
Eh bien, par la madone !
Le cèdre… tu sais… de Jussieu ?
Va, je te le pardonne. »
Raoul Ponchon
le Journal
24 02 1908
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