15 oct. 2007

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MESSES NOIRES
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Ils étaient quelques jeunes gens,
Très jeunes comme aussi très gents,
Fort bien nés, beaux, intelligents

Qui s'amusaient à leur manière.
Mais ils n'y faisaient rien de bien,
Il faut croire, ni de chrétien,

Puisque cette vieille police
Vint glisser un oeil en coulisse
Dans ce lieu - louche et subreptice.

Ces jeunes névrosés, dit-on,
Qui relèvent de Charenton,
N'en pinçaient pas pour Jeanneton.

Jamais femme si péremptoire
Qu'elle fût, et si méritoire
N'entrait dans leur laboratoire.


" Les femmes, c'est pas le Pérou,
On ne sait les prendre par où ?...
C'est une pommade, c'est mou.

- Disaient-ils. C'est très mal porté
Cette année, en réalité,
Par la grande société.

Ce sont des espèces de Combes,
Des égouts et des catacombes,
Des hôpitaux, des trous, des tombes. "

Et ces esthètes de malheur
N'avaient qu'un seul culte, le leur,
Celui de leur jeunesse en fleur.

Ils célébraient leurs messes noires
En peignoirs roses? Pauvres poires !
Avec des brans dans des ciboires.

Parfois des prêtres défroqués
Se mêlaient à ces efflanqués,
A ces intervertis toqués.

Au milieu de quelques fidèles
Ils montraient entre trois chandelles
Leurs derrières de demoiselles.

Cela n'était pas bien méchant :
Le Diable - il est plus exigent -
N'en avait pas pour son argent.


Et voilà que Monsieur Lépine
*
Vous présente et vous taquine
Pour ces jeux de sorte enfantine.

Je vous eusse moi, plus courtois,
Donné pour occuper vos doigts
" Justine " à copier cent fois.
*


RAOUL PONCHON
le Courrier Français
19 juillet 1903





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