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MESSES NOIRES
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Ils étaient quelques jeunes gens,
Très jeunes comme aussi très gents,
Fort bien nés, beaux, intelligents
Qui s'amusaient à leur manière.
Mais ils n'y faisaient rien de bien,
Il faut croire, ni de chrétien,
Puisque cette vieille police
Vint glisser un oeil en coulisse
Dans ce lieu - louche et subreptice.
Ces jeunes névrosés, dit-on,
Qui relèvent de Charenton,
N'en pinçaient pas pour Jeanneton.
Jamais femme si péremptoire
Qu'elle fût, et si méritoire
N'entrait dans leur laboratoire.
" Les femmes, c'est pas le Pérou,
On ne sait les prendre par où ?...
C'est une pommade, c'est mou.
- Disaient-ils. C'est très mal porté
Cette année, en réalité,
Par la grande société.
Ce sont des espèces de Combes,
Des égouts et des catacombes,
Des hôpitaux, des trous, des tombes. "
Et ces esthètes de malheur
N'avaient qu'un seul culte, le leur,
Celui de leur jeunesse en fleur.
Ils célébraient leurs messes noires
En peignoirs roses? Pauvres poires !
Avec des brans dans des ciboires.
Parfois des prêtres défroqués
Se mêlaient à ces efflanqués,
A ces intervertis toqués.
Au milieu de quelques fidèles
Ils montraient entre trois chandelles
Leurs derrières de demoiselles.
Cela n'était pas bien méchant :
Le Diable - il est plus exigent -
N'en avait pas pour son argent.
Et voilà que Monsieur Lépine *
Vous présente et vous taquine
Pour ces jeux de sorte enfantine.
Je vous eusse moi, plus courtois,
Donné pour occuper vos doigts
" Justine " à copier cent fois. *
RAOUL PONCHON
le Courrier Français
19 juillet 1903
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