3 oct. 2007

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La Danse
du
ventre
.


Pour moi, la vraie attraction
De la Grrande Exposition
Où se concentre
tout l'exotique tra la la
des peuples, c'est à coup sûr la
Danse du ventre...

Ce ventre, je le vois encor
Se trémousser dans son décor
Obligatoire :
On ne sait s'il vient de Turqui
-e : Heureux, dit-on, les ventres qui
N'ont pas d'histoire !

Quel ventre ! quel galbe et quel chien !
Je crois qu'il ne lui manque rien,
A part le verbe :
Il a de la barbe au menton,
Ou du moins un léger coton,
Dirait Malherbe !

Sur son front il n'a qu'un seul oeil,
Mais plus sinistre que ton seuil,
O Tour de Nesle !
Cet oeil se nomme le nombril,
Il est sans oeil et sans sourcil,
Et sans prunelle.

Bien que lutin comme chausson
Il a plutôt l'air bon garçon,
Sans pose aucune,
Il est rond comme un bouclier
Qui serait rond, et familier
Comme la Lune.

Mais ce ventre, me direz-vous,
Est de tout point semblable à tous
Les autres ventres,
Qu'est-ce que vous nous révélez ?
- Qui vous dit le contraire ? Allez
A tous les diantres !


Pour moi, la vraie attraction
De la Grrande Exposition
Où se concentre
tout l'exotique tra la la
des peuples, c'est à coup sûr la
Danse du ventre...

Ce ventre, je le vois encor
Se trémousser dans son décor
Obligatoire :
On ne sait s'il vient de Turqui
-e : Heureux, dit-on, les ventres qui
N'ont pas d'histoire !

Quel ventre ! quel galbe et quel chien !
Je crois qu'il ne lui manque rien,
A part le verbe :
Il a de la barbe au menton,
Ou du moins un léger coton,
Dirait Malherbe !

Sur son front il n'a qu'un seul oeil,
Mais plus sinistre que ton seuil,
O Tour de Nesle !
Cet oeil se nomme le nombril,
Il est sans oeil et sans sourcil,
Et sans prunelle.

Bien que lutin comme chausson
Il a plutôt l'air bon garçon,
Sans pose aucune,
Il est rond comme un bouclier
Qui serait rond, et familier
Comme la Lune.

Mais ce ventre, me direz-vous,
Est de tout point semblable à tous
Les autres ventres,
Qu'est-ce que vous nous révélez ?
- Qui vous dit le contraire ? Allez
A tous les diantres !


Donc, avec la musique il part,
aussitôt il fait bande à part ;
Des bras, du buste
Il ne s'inquiète du tout :
La paire de jambes itou
Le tarabuste ;

Il pourrait fort bien s'en passer,
Elles le gêne pour danser,
Oui, sur mon âme ;
Je crois qu'on les lui couperait
Que le bougre n'en danserait
Que mieux, madame.

De ces jambes, en vérité
Il ne se sert que par bonté ;
Notre beau diable
Dansant mieux assis que debout
Couché qu'assis - pour dire tout
C'est incroyable !


Voyez, il commence, très lent,
Puis il devient plus turbulent.
Il s'exaspère,
Il zigzague, ondule, bondit.
Et partout dans la salle on dit :
Ah bien ! j'espère !

Tantôt calme, tantôt rageur,
Tantôt en hauteur, en largeur,
Tantôt en boule,
Ce ventre se gonfle et grandit,
A moins qu'il se fasse petit
Comme une poule.

Quelquefois mon gros sacripant
Devient plus orgueilleux qu'un paon,
Et fait la roue ;
Ou bien, plus gai qu'un carnaval
Il piaffe comme un vrai cheval,
Rue et s'ébroue.

A peine le suit-on des yeux ;
Quel Pégase prodigieux !
Il aurait vite
Désarçonné son cavalier ;
Encor faudrait-il le lier
Tant il s'agite.

Par moment il est agressif,
Il menace comme un récif.
Ou - tel un golfe -
Il rentre subrepticement ;
Il regaine son compliment,
Ainsi que Wolfe.


Il hésite, ce convaincu ;
C'est véritablement un cul
Entre deux selles ;
Ou plutôt un ange en exil:
On sent qu'il s'envolerait s'il
Avait des ailes !

*
* *

... Et quel est l'heureux possesseur
De ce noble ventre ? Ta soeur ?
M'allez-vous dire ?
Ou quelque Fatma de Milo
A quarante sous le kilo ?
- Vous voulez rire.

Messieurs, je vous donne ma foi
Que je n'ai vu qu'un ventre, moi,
Et, qu'à distance,
Et pour vous parler sans détour,
La femme est, que l'on voit autour,
Sans importance.




Raoul Ponchon



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