3 oct. 2007

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GOD SAVE THE QUEEN
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L'Angleterre dut envoyer au Transvaal * ses meilleurs généraux.


Ou sont, Dieu des batailles !
Mes soldats, mes Detailles,
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Si beaux, si hauts de taille,
Aux larges pectoraux ?
Dites, mon War Office,
Sont-ils à l’exercice ?…
Où donc sont mes milices ?
Où donc, mes généraux ?

Où sont mes capitaines
A la mine hautaine
Dont j’avais des centaines,
Mes Warren, mes Buller
Chéris de la victoire ?
Et cet enfant de gloire,
Ce stratège notoire,
Mon Sirdar Kitchener ?

Où sont tous mes Gatacre
Qui semaient le massacre ?
Hélas ! Depuis mon sacre
Je n’ai rien vu de tel.
Ils choient comme des mouches.
Un, dit-on, par cartouche…
Vraiment, ces Boers farouches
Sont des Guillaume Tell !

Où sont mes gars d’Irlande
Que, contre la légende,
J’aimais d’un amour grande ?..
Tous passés à tabac.
Où sont ceux de l’Ecosse
Qui jamais, pauvres gosses,
Ne firent dans leurs chausses
Parce qu’ils n’en ont pas ?


Adieu mes fiers cipayes
Dont jamais les épées
N’étaient inoccupées,
Et mes jaunes Hindous !
De qui les yeux de braise
Me clouaient sur ma chaise ;
Fondus dans la fournaise
Comme fait un saindoux !

Adieu ceux-là qu’oublie
Ma mémoire affaiblie…
Ceux de mon Australie,
Ceux de mon Canada…
Ceux de Malte et de Chypre
Et ceux de mon Egypre…
J’ai bien encore en ypre
Quelque pays par là…

Et mes mulets d’Espagne ….
Ils ont fait Charlemagne…
Voici sur la montagne
Mes plongeurs à cheval !
Las ! et Kruger m’annonce
Qu’il faut que je renonce
A lui choper une once
De son riche Transvaal !


Par bonheur, l’Angleterre
- Ca n’est pas un mystère -
Avec toute la terre
Se trouve en bons rapports.
Ce qui n’est pas utile
D’ailleurs, riche et fertile
N’est-elle pas une île
Escarpée et sans bords ?



Raoul Ponchon
Courrier Français
01 fév. 1900
muse frondeuse




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