13 oct. 2007

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LE " MICROCOCCUS NEOFORMANS "
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Le micrococcus neoformans est une espèce nouvelle.
Dr DOYEN


Allons bon ! encore un bacille
Dans mon absinthe ! En vérité,
Vivre devient difficile.
Et moi qui suis si dégoûté !...

Ce nouveau bacille se nomme
MICROCOCCUS neoformans.
Il en a bien l'air, quoiqu'en somme,
Il tombe fort peu sous le sens.

Nous devons son nom, sa naissance,
Sa culture et son entretien
A la quadruple complaisance
Du célèbre docteur Doyen.

Il apparaît, en quelque sorte,
Sous le tropique du cancer.
Cela vous paraît lettre morte ?
Nous allons tâcher d'être clair.


On le trouve en les carcinomes,
Sarcomes, épithéliomes,
Egalement en les lipomes
Sans oublier les adénomes

A marche rapide. Autant dire
Les néoplasmes variés.
Qu'on inocule ce vampire
A des animaux familiers,

Comme le rat, la souris blanche,
Vous obtenez en peu de temps
Toute une flore du Dimanche
De papillomes végétants.

Et de lésions cancéreuses,
De lipomes arborescents,
Néoformations heureuses,
Epithéliomas puissants !

Ces ravages, sans être énormes,
Ont les caractères de ceux
De la coccidie oviforme
Du lapin ; mais, moins paresseux,

Notre microccoque admirable
Est doué de propriétés
Pathogènes indiscutables,
Aussi bien l'hiver que l'été.

* *



Maintenant, vous voulez peut-être
Connaître la gueule qu'il a ?
Afin que chez nous s'il pénètre,
Vous puissiez dire : le voilà !

Eh bien, sachez qu'il a des pattes
Avec des ventouses partout,
Six au nombre, comme des blattes ;
Des dents qui peuvent broyer tout.

Il a une scie au derrière,
Deux pinces, comme le homard,
Une trompe sous-ventrière,
Des badigoinces de jumart .

Il jouit de deux mandibules
Avec lesquelles, dans l'instant,
Il détraque, il démantibule
Et réduit à rien l'habitant.

Enfin cette crapule infecte
Vous en donne pour votre argent,
Outre qu'il vous mange, il défecte,
Et vous empoisonne le sang.

Telle est donc sa néoformance.
Ce n'est pas, il faut l'avouer,
De ces bacilles de romance
Avec lesquels on peut jouer.

* *


Docteur, dans le sein du mystère
Replongez, ce MICROCOCCUS.
Nous en avons, déjà sur terre
Plus que nous n'avons de cocus.



RAOUL PONCHON
le Courrier Français
30 mars 1905





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