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CHARCUTERIE ALLEMANDE
.En certaines circonstances, la corporation des charcutiers
a le privilège de marcher en tête des cortèges royaux ...
Muse, redis-moi, je te prie,
Si ta veine n'est point tarie,
Ce régiment de charcutiers
Qui, par un heureux privilège,
Primait en tête de cortège
Sur l'impérial héritier.
Montés sur de superbes bêtes,
Tout d'abord trente six trompettes
Soufflant dans des queu'de cochon
Jouaient la marche nuptiale,
Voire aussi l'hymne impériale,
Parfois la mère Godichon.
Puis, gros et gras comme des moines,
Bardés de lard, chaussés de couennes,
Les chevaliers du Cervelas
Le suivaient, en lignes épaisses,
Avec - qui leur battaient les fesses -
Des "fusils" et des coutelas.
C'étaient tout le long de la route
Des astragales de choucroûte,
Des arcs de triomphe en saindous
Et des drapeaux en peau de truie,
Dont la vue était réjouie.
On eût aimé FAIRE partout.
Mais hélas ! vision trop brève !
Ils passèrent comme en un rêve,
Laissant derière eux un fumet
D'andouille et de lard délectable
Et que vous dirai-je ? capable
D'émoustiller le moins gourmet.
Le colonel venait ensuite
En uniforme de chair cuite.
Une bure de sanglier
Le coiffait de façon cruelle,
Une tranche de mortadelle
Lui tenait lieu de bouclier.
De longs chapelets de saucisses
Lui trimballaient le long des cuisses,
Et le cinturonnaient encor.
Et si je ne fais de méprise,
En faît de baton de maîtrise,
Il brandissait un pied de porc.
Il caracolait fier et grave.
Vous eussiez dit d'un vieux burgrave
Ou d'un antique paladin
Du temps des guerres sans dentelles,
Lorsque du sang des infidèles
On faisait encor du boudin.
Finalement, je me demande
Si ce n'est pas l'âme allemande
Que symbolisaient devant moi
Ces braves guerriers pacifiques
Défilant en rang magnifiques
Devant leur empereur et roi ?
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