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AUBADE
Veut-elle accepter mon bras?
Nous irons où tu voudras ;
Tout avec toi m'est liesse ;
Tu verras comme aujourd'hui
Le ciel est épanoui
Et plein de délicatesse.
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Tout semble bon à manger ;
Dans l'air amoureux et moite
Quelques nuages de ouate
Floconnent, troupeau léger
Qui traîne sa marche lente,
Sous la garde vigilante
D'un invisible berger.
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Ouvre tes claires mirettes,
Mes deux étoiles du jour ;
Et regarde tout autour
De toi ces blanches fleurettes :
On ne sait pas tout d'abord
Si c'est de la neige encor,
Ou déjà, les pâquerettes.
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O printemps !
Aux tempes toujours fleuries ;
Je t'entends, dans les prairies,
-Rire avec toutes tes dents.
O vieillard à barbe blonde,
Aussi ridé que le monde,
As-tu donc toujours vingt ans ?
RAOUL PONCHON
le Courrier Français
13 juin 1886
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