7 oct. 2007

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NOUVELLE ANNEE.

Hivers, étés, printemps, automnes,
Que monotones
Vous êtes, ô tristes saisons !
C'est toujours aux mêmes époques,
Mêmes chansons ;
Aux mêmes cieux, mêmes défroques


Quand ne brille pas le soleil
Toujours vermeil,
C'est cette fadasse de lune,
Ou bien encore tu ne vois
Ni l'un ni l'une,
Sinon tous les deux à la fois !
L'heure succède à l'heure, et l'heure
N'est pas meilleure.
L'homme est d'intérêt dépourvu ;
Et chaque chose a quelque chose
De déjà vu,
De déjà digéré, - si j'ose ?...


Dieu ne prouve rien de nouveau,
Pauvre cerveau !
Il lui manque la fantaisie,
Et la Poésie et l'Amour.
La bourgeoisie
Seule lui trouve quelque humour.
C'est toujours la même romance
Qu'il recommence ;
C'est le même assomant roman.
Cette vieille barbe biblique,
Décidément
Se fiche de la République.


O nuits que fleurissent les rêves
Ces fleurs si brèves !
O matins frais et parfumés !
Roses de la naissante aurore
Avrils et mais !
Midis éclatants et sonores !


Voyez avec quelle prudence
La Providence
Diversifia les saisons !
Et quelle harmonie infinie !
Pour ces raisons
Qu'elle soit à jamais bénie !
Se déroulant après l'hiver,
Le printemps vert.
Après l'été doré, le digne
Et rouge automne, titubant
Et ceint de vigne,
Et qui s'écroule au premier vent.


Mais quand l'an nouveau recommence,
C'est l'espérance !
Or, sans me piquer de savoir
Exactement sa destinée,
Je crois devoir
Augurer bien de cette année.

A partir donc de cette année,
La joie est née.
Aux arbres pendront les jambons,
Ici comme aux terres lointaines.




Je vois tous les hommes heureux,
S'aimer entre eux,
Plus de batailles, plus de crimes !
Je vois un chacun, - comme il sied -
Toucher des primes
D'on ne sait quel crédit foncier...

Raoul Ponchonle journal
4 janvier 1909




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