11 oct. 2007

.
.
.
PROTOCOLE ILLYRIEN
.

N'importe où se trouve
Un grand-duc d'Illyrie, on
ne peut s'asseoir, tant qu'il
reste debout.
Journaux.



Donc, si Sa Seigneurie
Un grand-duc d'Illyrie
(Qu'il reçoive chez lui
Ou... chez autrui,

Sur la terre ou sur l'Onde,
En tout endroit du monde),
Ne daigne pas s'asseoir
De tout un soir,

De par un protocole
Datant de Pricrochole
(Est-ce que je sais, moi ?)
Ou d'Ubu roi,

Chacun doit, homme ou femme,
Oui, ma bonne madame,
Ne pas s'asseoir aussi !
C'est comme si

Assis à la même table
Tous les deux, confortable,
Où des vins généreux
Seraient nombreux,

Il se payait ma poire
En m'empêchant d'en boire,
Sous le prétexte vain
Qu'il hait le vin !

*
* *



Que cet ours des Karpathes,
Sur ses puissantes pattes,
Ainsi qu'un marabout,
Reste debout

Pendant toute sa vie,
S'il lui prend cette envie,
Ca, c'est affaire à lui,
Ah ! seigneur ! Oui.

Mais, vraiment, qu'il exige
De ses... invités, dis-je,
Qu'ils en fassent autant,
C'est épatant !

Et l'on nous dit ces princes
Si peu de leurs provinces !
Et si tant de Paris !
Si bien appris !

O lecteurs et lectrices
De ces princiers caprices,
Qu'est-ce que vous pensez ?
Je ne le sais...

Au surplus, je m'en moque.
(Que ce soit réciproque.)
Votre avis ne m'est rien.
Voici le mien :

Pour moi donc, qui n'ergote,
Qui n'ai qu'une jugeotte
Grosse comme le poing,
Qui ne suis point

Un grand-duc illyrique,
Mais un pauvre excentrique,
Je dis que ces façons
Ducales sont

Le fait d'une âpre brute,
D'une cervelle hirsute,
Si ce n'est d'un goujat...
Et donc, déjà !


RAOUL PONCHON
le Journal
10 mai 1909





Aucun commentaire: