4 sept. 2008

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PARADOXE sur les FLEURS
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Robespierre adorait les fleurs.
(Villiers de L'Isle-Adam)
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Voici donc des bégonias,
Que tantôt, Mirbeau, tu nias.
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Quoi, vraiment cette fleur t’embête ?
Ben, moi, que veux-tu, je m’entête

A n’être pas de ton avis :
Jamais fleur bête je ne vis

Et j’ai plus de vingt ans, en somme.
Il n’est bêtise que chez l’homme.

Toutes les fleurs ont de l’esprit,
Et tout en elles me sourit.
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Elles sont tout au moins naïves,
Ronsardiennes et Baïves ;


Le poète est trop juste pour
Les séparer dans son amour.

Je ne trouve commune aucune
Et je vais préférant chacune.


Les hortensias les plus bleus
Ne m’ont pas l’air plus fabuleux


Que les pâquerettes vulgaires
Et de même je ne vois guères
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Que les lys soient plus positifs
Que les pissenlits des fortifs.
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Le plus misérable brin d’herbe
Vaut pour moi le cèdre superbe ;

J’aime du même amour ardent
Et le lilas et le chiendent.


Toute fleur a sa raison d’être
Puisqu’elle est. Je ne puis admettre

Non plus qu’on dise d’une fleur
Qu’elle est d’une sale couleur.


Elle n’est sale qu’en peinture
Quand un Bonnat vous la récure
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Non plus qu’on dise d’une fleur
Qu’elle n’a pas la moindre odeur,

Et qu’au besoin, elle empoisonne.
Je ne veux chagriner personne,

Mais qu’il soit dûment averti
Que seul son flair est perverti

Ou jouit d’un certain tangage
Celui qui tient pareil langage.
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Une fleur ne saurait puer,
Elle aurait beau s’évertuer.

De chaque un parfum peut s’extraire
Qui comporte en soi son contraire.

Oui, mais voilà tels insensés
Reniflent trop ou pas assez…

Et voilà bien, mon cher poète,
Pourquoi votre fille est muette.



RAOUL PONCHON

le Courrier Français - 22 juin 1895
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