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Les ipsissimes Goncourt
Qui diable encore s’intéresse,
Dites-moi, par le temps qui court,
À ces compresses de la Presse
Que furent les frères Goncourt ?
Déjà leurs quarante volumes
Sont parfaitement oubliés.
Que sera-ce de leurs “posthumes”.
Pourquoi faire les publier ?
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Quand on pense que ces barbares
Lâchèrent cette énormité :
“Le style est l’épithète rare”.
On craint pour leur état mental.
Nous leur devons le “style artiste”
Comme le “document humain”.
C’est-à-dire rien de plus triste,
De moins artiste et moins humain.
À quel régal d’anachorète
Nous convièrent ces messieurs
Qui ne crurent qu’à l’épithète
Sans, d’ailleurs, en jouer mieux.
L’épithète rare et choisie !
Quoi c’est ? cela va-t-il sur l’eau ?
Le moindre élan de poésie
Eût cent fois mieux fait notre blot.
Ces papiers dont on nous menace
Pour dans dix ans, probable, sont
Une suite au Journal cocasse
Dont nous connaissons la chanson.
Journal aux rares épithètes
Où sont consignés des potins,
Des ragots, vomis les poètes,
Les Hugos traités en crétins ;
Plein de haines et de rancunes ;
De spéculatifs entretiens
Auxquels – ils avaient des lacunes –
Ils ne comprenaient rien de rien.
Où vous pouvez lire entre mille,
Des phrases de cet acabit :
“Ce soir, m…., dîner en ville,
Obligé de mettre un habit.”
Ou bien : “ J’ai renvoyé ma bonne,
Elle avait raté mon moka…
Aujourd’hui, mes selles sont bonnes,
J’ai fait un énorme caca…”
Si l’on songe que Fasquentelle,
Notre éditeur national,
Encore à l’époque actuelle
A tout un stock de ce Journal,
Dont il ne peut pas se défaire
Au prix du papier, même au quart…
Peut-être il trouvera sévère
D’éditer la suite plus tard.
Non. C’est une chose qui navre
Que ces Goncourt quinze fois morts
De leur ipsissime cadavre
Veuillent nous em…bêter encor.
RAOUL PONCHON
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