19 sept. 2007

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IMPRESSION D’ETE
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C’est un chaud pâturage
Où plane le soleil

Qui boit tout le courage
Et verse le sommeil ;

Au son des flûtes douces,
Des chalumeaux légers,
Couchés parmi les mousses
Y rêvent les bergers.


L’ombre fine des arbres
Qu’agitent les zéphirs
Sur des flancs nus de marbres
Fait trembler des saphirs.


Les gaîtés écolières
Des merles, des pinsons,
Comme des volières
Animent les buissons ;

Tandis que tant est tendre
La chanson du ruisseau,
Que l’on croirait entendre
Le babil d’un oiseau ;


L’air tiède papillote,
Comme une odeur de thym
Et de verveine y flotte
Cependant qu’au lointain,


Et sous un ciel de joie
L’opulente moisson,
Comme un tapis de soie
Se moire à l’horizon


Tels des flots sur les plages
En bonds capricieux,
Des ouates de nuages
Ecument dans les cieux ;

Et la lune mi-pleine,
– Mais de quelle pâleur ! –
Semble un flocon de laine
Détaché d’une fleur ;


Elle éclôt et se pâme
Et l’on dirait que c’est
Un sein nacré de femme
Qui jaillit d’un corset.



RAOUL PONCHON
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