13 sept. 2007

CHEZ LE MASTROQUET
Si tu n’es pas un vil esclave,
Un triple cocu de marchand,
Tu nous bailleras sur le champ
Le vin que tu bois dans la cave ;

Et puis tu nous épargneras
Ta chienne de face ridée
A ne pouvoir s’en faire idée.
Nous n’admettons que les gens gras.

Mais si Margotton est… convexe,
Elle nous ira comme un gant.
Moi, ni plus ni moins qu’un brigand
Je suis régence avec le sexe.

Va donc, douloureux mastroquet,
Nous tirer ton petit rose
Qui fleure violette et rose
Et qui jappe comme un roquet.

Mais je vois que tu te remues
Tout autant qu’un bois de cercueil.
Crains-tu que nous buvions à l’œil ?
Calme tes frayeurs ingénues.

Malgré que tu sois bien vilain,
Aujourd’hui – c’est ça de la chance –
Nous le paierons en conséquence,
Car nous avons de l’or tout plein.

En as-tu jamais vu ? regarde,
Il est plus brillant qu’un sou neuf ;
Nous pourrions nous payer un bœuf
Avec, et pas mal de moutarde ;

Nous pourrions avec tout cet or
Nous payer de bien belles choses :
Des femmes, des lapins, des roses,
Que sais-je ? Nous pourrions encor

Nous passer cette fantaisie,
De ne pas dépenser un sou ;
Nous pourrions – rêve bien plus fou ! –
Acheter de la poésie.

Mais non. Ivrognes sans défaut,
Cet or, nous aimons mieux le boire,
Et c’est à boire, à boire, à boire,
Et c’est à boire qu’il nous faut !

R. P
« La muse gaillarde »

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