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CHANTONS LE VIN

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Je ne connais rien de sérieux ici-bas
Que la culture de la vigne.
VOLTAIRE
(Epit. à D’Alembert)



Chantons le vin, car nos jolis coteaux
Gais comme des jardins orientaux,
Par un concours d’influences malignes,
Voient se faner la flore de leurs vignes.

Chantons le vin, car les temps vont venir
Où nous n’aurons plus même souvenir
Du goût qu’avaient nos bordeaux, nos bourgognes :
C’en sera fait des aimables ivrognes !

Chantons le vin, car les temps sont venus
Où nos coteaux déjà sont presque nus ;
Les nez n’ont plus leurs belles couleurs vives ;
Et c’est navrant de voir voler les grives.

Chantons le vin, car les temps sont passés
Des clos fameux et des crus insensés ;
Les ceps sont gros comme des allumettes,
Et vous flambez en vain, vaines comètes !

Chantons le vin qui nous met dans le cœur
La joie énorme et la mâle vigueur ;
Chantons le vin que chantèrent nos pères,
Chantons le vin qui chante dans nos verres.

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Chantons le vin : c’est notre sang gaulois
Si magnifique et si rouge autrefois
Que nous allons perdant par chaque pore ;
Chantons le vin, il en est temps encore !



Raoul Ponchon

le Courrier Français

17 oct. 1886

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