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Chanson joyeuse
A RAOUL PONCHON
poète
Toi qui marchas tout seul dans le monde infini
Et qui n’as pas trouvé de sucre dans ton verre,
Qui cependant souris à ton destin sévère,
Etre paradoxal et jeune, sois béni !
Soûl comme un templier et joyeux comme un nid,
Tu nous montres un front rayonnant de lumière,
Et j’aime de tes yeux la gaîté coutumière
Et ton petit nez rond comme un point sur un i.
Raoul Ponchon, poète aux longs cheveux antiques
Dont le jais eût tranché sur de blanches tuniques,
D’un salut fraternel je t’accueille en chemin ;
Car, ô païen ayant pour déesse la Joie,
Je hais jusqu’à la mort ce siècle qui larmoie,
Et ton rire est plus franc, plus large et plus humain.
Maurice Bouchor
Chansons joyeuses - 1874
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