18 août 2010


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CHANSON DE LA MORT


C’est toi ! je t’ai reconnue
A ton nez un peu camard,
A tes jambes de canard.


C’est toi ! Je t’ai reconnue
A ta gueule de travers,
Tes yeux sucés par les vers.

Et j’attendais ta venue,
Mais, je t’avoue humblement,
Je t’eusse aimé autrement.


Toi, déjà, sous ma peau nue
Grouillent d’affreux asticots
Gros comme des haricots.

Enfin ! sois la bienvenue !
Puisqu’il faut mourir, mourons
Pour les p’tits oiseaux !...


RAOUL PONCHON
le Courrier Français
15 juin 1890

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