15 sept. 2007

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CENTENAIRE de DUMAS FILS ?


Depuis déjà pas mal de lunes
Dumas fils
* était enterré,
Enterré plutôt dix fois qu’une,
Peut-être même incinéré.

Déjà ses pièces de théâtre
Paraissaient d’un art moins hardi
Et causaient un ennui saumâtre
Même aux abonnés du mardi.

Et la moyenne bourgeoisie
Seulement pouvait prendre encor
Pour lanterne cette vessie,
Cette surface et ce décor.

Enfin on était bien tranquille,
On ne nous rasait plus que lui.
Il était rentré dans l’argile.
Et voilà-t-il pas qu’aujourd’hui

Quelques-uns de l’Académie
Pris d’un zèle rétrospectif,
Se ruent comme une épidémie
Sur ce mort heureux sous son if.

Corneille ne fut qu’un ancêtre
Quelconque auprès du fils Dumas.
A les entendre, le vieux maître
N’en eût été que le Thomas.
*

L’un nous a vanté son génie
Tel autre sa facilité ;
Celui-ci sa psychologie,
Celui-ci sa moralité.

Ce fut autant de pelletées
De terre et de pavés aussi
Impitoyablement jetées
Sur l’illustre mort, mais aussi

Ce Dumas qui toute sa vie,
N’ayant jamais été bercé
Que par l’âpre philosophie
De notre vieil oncle Sarcey,
* *

Avait et jusques au délire
Jusques au suprême attentat
Poussé le mépris de la Lyre,
Nul poète ne l’exalta.



R. Ponchon
1924
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