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DERNIER VŒU
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« Je désire, quand je serai morte, qu’on arrose mon corps avec du bon vin, que j’ai tant aimé.
VEUVE THORIN
(Journaux)
Excellente veuve Thorin,
Tu mériterais un écrin,
Et non pas une bière,
Pour avoir, avant de mourir,
Formulé sans plus discourir
Cette ardente prière.
J’estime que tes héritiers,
S’ils ne sont pas de simples pieds,
Devraient te satisfaire ;
Et, sur ce qui serait un abus -
Surtout si tu n’as pas tout bu,
Ainsi que je l’espère !
Comme j’exaucerais ton vœu,
Moi, si j’avais du papier bleu
Ou quelque or identique !
Avec quelle dévotion
Je ferais la libation
Selon l’usage antique !
Je prendrais le vin le plus beau,
J’en arroserais ton tombeau
Et ta pauvre carcasse ;
Et je ne doute pas qu’après
Ton cadavre ne soit plus frais,
Ton âme plus vivace.
Ta pauvre âme de « cabaret »,
Bonne ivrognesse, et ce serait
Comme un second baptême
Qui te vaudrait certainement
Un juste rajeunissement
Près de l’Être Suprême.
Te rendre ce pieux devoir,
Hélas ! n’est pas pour mon pouvoir.
Tout ce que je puis faire,
C’est, sans nulle malignité,
De te porter une santé
Et de vider mon verre.
Je ne te plains pas, au surplus.
Tu vis au séjour des Elus.
C’est un endroit plus digne,
Où je compte que le Seigneur
Voudra te servir du meilleur,
Dans sa céleste Vigne !
(Journaux)
Excellente veuve Thorin,
Tu mériterais un écrin,
Et non pas une bière,
Pour avoir, avant de mourir,
Formulé sans plus discourir
Cette ardente prière.
J’estime que tes héritiers,
S’ils ne sont pas de simples pieds,
Devraient te satisfaire ;
Et, sur ce qui serait un abus -
Surtout si tu n’as pas tout bu,
Ainsi que je l’espère !
Comme j’exaucerais ton vœu,
Moi, si j’avais du papier bleu
Ou quelque or identique !
Avec quelle dévotion
Je ferais la libation
Selon l’usage antique !
Je prendrais le vin le plus beau,
J’en arroserais ton tombeau
Et ta pauvre carcasse ;
Et je ne doute pas qu’après
Ton cadavre ne soit plus frais,
Ton âme plus vivace.
Ta pauvre âme de « cabaret »,
Bonne ivrognesse, et ce serait
Comme un second baptême
Qui te vaudrait certainement
Un juste rajeunissement
Près de l’Être Suprême.
Te rendre ce pieux devoir,
Hélas ! n’est pas pour mon pouvoir.
Tout ce que je puis faire,
C’est, sans nulle malignité,
De te porter une santé
Et de vider mon verre.
Je ne te plains pas, au surplus.
Tu vis au séjour des Elus.
C’est un endroit plus digne,
Où je compte que le Seigneur
Voudra te servir du meilleur,
Dans sa céleste Vigne !

*
Mais quoi ! Tu pars au bon moment.
Voici que le gouvernement,
En sa haute sagesse,
Après de multiples impôts,
On peut dire de tout repos,
Nous avoir fait largesse,
En met un dernier au tableau.
Ne veut-il pas imposer l’eau !
Ce projet grandiose
N’est pas pour me mettre en émoi.
Au contraire, je trouve, et toi ?
Que cet impôt s’impose.
O Thorin ! N’est-il pas plaisant ?
Je pense que ton corps va s’en
Réjouir dans ta tombe ;
Tandis que du haut firmament,
Priera pour ce gouvernement
Ton âme, ô ma colombe !
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