21 sept. 2007

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SOUMISSION de BEHANZIN
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Et l'on reparle du colonialisme... Rappelez-vous la note intitulée " les Dahoméens ".....*
Que devient Béhanzin, ce roi résistant à la France ?...* *
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Déclaration du Général Dodds :
Au nom de la République Française,
*Nous, Général de Brigade, Commandant supérieur des Etablissements français du Bénin, Commandeur de la Légion d'honneur ;
Déclarons :
Le roi Béhanzin Ahy-Djéré est déchu du trône de Dahomey et banni à jamais de ce pays.
Le royaume de Dahomey est et demeure placé sous le protectorat exclusif de la France à l'exception des territoires de Whydah, Savi, Avrékété, Godomé et Abomey-Kalavy, qui constituaient les anciens royaumes de Ajuda et de Jacquin, lesquels sont annexés aux possessions de la République Française. Les limites des territoires annexés sont : à l'ouest, la rivière Ahémé ; au nord et à l'est, la rivière de Savi et les frontières nord-est du territoire d'Abomey-Kalavy ; au sud, l'océan Atlantique.
Fait à Porto-Novo, le 3 décembre 1892
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A. DODDS
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Raoul Ponchon, au fait de l'actualité*,
a imaginé une rencontre entre le roi Behanzin et Carnot Président de la République....
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A Jacques Richepin



Or, le général Dodds ayant pris Behanzin
Lui dit : - « Tu vas aller voir ton royal cousin
Le président Carnot, mon digne et noble maître ;
En ses mains tu devras ta personne remettre ;
Tu prendras avec toi quelques noirs moricauds,
Plusieurs dents d’éléphants et des noix de cocos
Dont tu lui feras don ; Et surtout mets un pagne,
Vas-y, et que le grand Manitou t’accompagne. » -

Trois mois après ce singe arrivait à Paris
Dont il ne fut que très médiocrement surpris,
Car, afin d’éviter tout prétexte à bagarre
En panier à salade on le prit à la gare
Et l’on le conduisit droit au Palais-Bourbon.
Carnot crut d’abord à quelque sac de charbon
En le voyant si noir, mais se ravisa vite,
Disant : « tiens, ce charbon qui parle et qui palpite !
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Parbleu ! C’est Bec en Zinc que Dodo m’annonça.(1)
Que diable est-ce qu’il veut que je fasse de ça ?
Je m’en vais consulter mon conseil des ministres… »
Le conseil décida que ce roi des plus bistres
Devait en audience offrir sa démission ;
Et que pour frapper son imagination
Et lui montrer à quel point la France est en forme
Il fallait déployer un appareil énorme
A cette occase.

Alors , à quelques jours de là,
Devant Monsieur Carnot en habits de gala,
A la dextre tenant son sceptre-parapluie
Sur lequel ainsi que Louis-Philippe il s’appuie.
Le chef couvert de son diadème-gibus
Brillant d’un coup de fer récent, et selon l’us,
Flanqué de sa maison civile et militaire, -
Behanzin comparut, à genoux, ventre à terre.
Aussitôt le chef blanc demanda le crachoir,
Et voici ce qu’il dit à son confrère noir :
« - Prends un siège Cinna, c’est moi qui t’en convie…
Ou bien, reste debout, si tu en as envie.
Ainsi, c’est toi, voleur, c’est toi qui t’es permis,
Lorsque je t’envoyais mes soldats, en amis,
D’en faire au même instant d’effroyables salmis ;
Quoi ! Je voulais porter au sein de ton Afrique
Les mille et un bienfaits de notre république
Ses institutions, ses coutumes, ses mœurs,
Et tu décapitas tous mes ambassadeurs !
Je voulais que la France enrichit ta patrie
Des produits merveilleux de sa noble industrie,
En échange de l’or qui ne te sert à rien





Je t’apportais de pleins boisseaux - tu le sais bien -
Des manches de couteaux, des boutons de culotte,
Toute une magnifique et riche camelote !…
Je t’aurais décoré du signe de l’honneur…
Mais tu n’as rien voulu savoir de ton bonheur.
Que faire maintenant d’un coquin de la sorte ?
Sur l’heure je pourrais te rendre chose morte,
Te donner un billet - si j’étais un Néron -
Pour voir les Cabotins de monsieur Pailleron ;
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Je pourrais t’indiquer à Breton comme cible
Qui te gratifierait d’une bombe explosible ;
T ‘enfermer à perpète en quelque château fort…
Mais non, de la bonté je détiens le record :
Je ne me vengerai de toi que par l’outrage
Dont toi-même dit-on - tu fis souvent usage. » -




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Lors, montrant son derrière en bois et peint en bleu,
Il dit à Bec en zinc : « Tiens, cochon, baise-le. » -




Raoul Ponchon
le courrier Français - 18 fév. 1894




(1) Carnot appelle voloe général Dodds Dodo dans l’intimité.



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