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LE PRINCE
de
TARTAFUYA
de
TARTAFUYA
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Où l'on reparle de la famille Lebaudy... après Max, dit " le Petit Sucrier "*, voici Jacques * qui devenu fou défraya la chronique par une rocambolesque tentative de colonisation au Sahara dont il se proclamera empereur sous le nom de Jacques 1er ...
Jacques premier, Empereur du Sahara, Prince de Tartafuya, etc, etc…
O toi, de qui la chronique
Ironique
Pendant un temps s’égaya,
Apprends-nous où tu bafouilles,
Tartafouilles,
Prince de Tartafuya ?
Tu règnes sur quels prognathes ?
Quelles dattes ?…
As-tu renoncé déjà
A ton chimérique empire ?
Au porphyre
Se ton palais de Troja ?
Ou si, l’esprit de conquête
Qu’on regrette,
Aurait à tout jamais fui
De ton crâne en pain de sucre ?
Du seul lucre
As-tu donc soif aujourd’hui ?
Empressons-nous de le dire,
De l’écrire,
Ton premier geste fut beau.
Il fut beau, ton premier geste,
Sans conteste,
Encore que point nouveau.
Bien avant toi, plus épiques
Et typiques,
Des lascars insidieux,
De vrais monarques se crurent,
Et le furent,
De par la grâce des Dieux.
Sans fatiguer ta cervelle,
Te rappelle
Orlie-Antoine, ce roi
Notoire d’Araucanie,*
Un génie,
Si l’on le compare à toi.
Si l’on le compare à toi.
Et ce n’était qu’un pauvre homme,
Ou tout comme,
Avec des instincts fougueux,
Qui tenait, sans aptitude,
Une étude
De notaire, à Périgueux.
Ou tout comme,
Avec des instincts fougueux,
Qui tenait, sans aptitude,
Une étude
De notaire, à Périgueux.
Il ceignit le diadème
Tout de même.
Tandis que toi, mon fiston,
Ton trône est plutôt précaire ;
Tu n’es guère
Qu’un empereur en carton.
Pourtant, avec ta fortune
Opportune,
- Que diable, ça n’est pas rien -
Tu pouvais faire des choses
Grandioses,
A ravir l’historien !
Lever dans ton royaume ample,
Par exemple,
Munis de leur tomahawk,
Quelques-uns de tes Macaques,
Et, d’attaque,
Te jeter sur le Maroc…
Et c’eût été la déroute,
Sans nul doute,
De ces Marocains affreux
Qui, malgré qu’on s’évertue,
Qu’on les tue,
Sont de plus en plus nombreux.
Et, vois-tu les conséquences,
Subséquences ?
Non. Eh bien, moi, je les vois :
En raison de ta victoire,
De ta gloire,
On t’eût mis sur le pavois,
Voire, en ce pays d’outrance
Qu’est la France,
Profitant d’un désarroi,
Tu pouvais, un jour ou l’autre,
- Mettons l’autre -
Prétendre à devenir roi !
Pour de moindres faits, des gestes
Plus modestes,
O Jacques ! Veuille songer
A ces époques de brumes,
Où nous fûmes
A deux doigts de Boulanger !
Raoul Ponchon
le Journal
02 nov. 1907
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