18 sept. 2007

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Conspuez Monod … et les autres
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Haro sur les puritains ! Aujourd’hui c’est le tour du protestant Gabriel Monod sans oublier le vieil ami de Ponchon... le trop fameux catholique René Bérenger…dit " le père la pudeur ".
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Hier, tout en me livrant auprès d’un fils Pernod*
A une forte enquête,
Je me disais ceci : Faut conspuer Monod
*,
Dieu, que cet homme est bête !

Et mossieu Bérenger, et l’omnibus Passy
Et Simon
* ! Et Lavisse* !
Faut-il qu’ils aient un don pour nous raser ainsi,
Si ça n’est pas du vice.

Alors, vraiment, tu crois m’empêcher de danser
Avec mes gigolettes ,
O Gabriel Monod ! Il n’y faut pas penser,
Mets ça sut tes tablettes.

Va, tu m’empêcherais plutôt d’aller au cours,
Pernod, que tu professes,
- Je veux dire Monod - aux fins de mes concours
User mes pauvres fesses.


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Dis-moi, si je vais trop chez Balzar*, halte là !
( Oh ! c’est une hypothèse )
Mais quant à m’empêcher d’aller au bal de l’A,
Je la trouve mauvaise.

Plutôt que de ne pas danser, mes vieux messieurs,
J’aime mieux qu’on m’enferme,
Qu’on me fasse sauter, que dis-je ? J’aime mieux
Ne pas payer mon terme,

Ne plus m’enorgueillir de vivre sous Carnot,
Ce fils de la victoire,
Ne plus faire rimer Monod avec fourneau,
Ne plus manger ni boire.

Plutôt que pas danser, mais, je lirais, vois-tu,
Tous tes bouquins, ô Jules !
Ainsi que tes rapports sur les prix de vertu
Et tous tes opuscules ;

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Quant à toi, Bérenger*, chaste comme un vitrail,
Béranger sans Lisette
*,
Etalon réformé, vrai muet du sérail
Sourd comme une mazette,

Toi qui perds ton temps à dire : A bas les cheveux,
Parce que tu es chauve,
Et qui n’en pouvant plus, dégoûtes tes neveux
Des gestes de l’alcôve,

N’en doute pas non plus ; j’aimerais mieux te voir
Mort plutôt dix fois qu’une
Que de ne pas aller, comme c’est mon devoir
Au bal, en suer une.




Raoul Ponchon
le Courrier Françaic
17 déc. 1893
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