Tu crois donc, mon vieux Polyte,
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Cela n'est pas un mystère
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Elles furent aussi faites
Afin d'augmenter nos fêtes
Et diminuer nos deuils;
Elles nous furent données
Encor pour nos hyménées
Et pallier nos cercueils.
Le parfum de leurs corolles
Valent toutes les paroles
Tous les encens, crois-le bien.
Les fleurs, ô marchand de messes,
Sont nécessaires, expresses,
Ne se remplacent par rien.
Ô Polyte, tu te trompes
Avec tes funèbres pompes.
Quoi! Les fleurs sont peu d'accord
Avec les leçons si graves
De la Mort ? Oh! oh! mon brave,
Dieu te soit miséricord !
Tu tombes dans l'hérésie.
La fleur, de tout temps choisie,
Fut toujours acte de foi.
Et tes messes de ténèbre
Qui rendent la mort funèbre
N'en sauraient tenir l'emploi.
Pour moi qui suis un champêtre,
Quand tu me verras, ô prêtre,
Couché sur mon dernier lit,
En place que tu croasses,
D'une fleur fais-moi la grâce,
Ne fût-ce qu'un pissenlit.
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RAOUL PONCHON
Le Courrier Français - 04 sept. 1904
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