22 sept. 2007

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DISTIQUES DE BON CONSEIL
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Prier le seigneur Dieu qu’il épargne à notre oncle
Tout mæterlinck, et tout Ibsen et tout furoncle.

Croire seulement la moitié de ce qu’on voit,
Le quart de ce qu’on dit, et rien de ce qu’on oit.

Dire blanc aujourd’hui, et demain noir ou mauve,
La vérité n’étant qu’une molle guimauve ;

Rire de tout, de rien, à gorge d’employé
Quoique en dise monsieur Paul Brulat indigné ;

Plutôt que de courir aux salons de peinture
Aller voir si j’y suis dans la sainte nature ;

Ne rien risquer devant le Goncourt attentif
Que de documenté et de définitif ;

Un mot dit de travers - faut t’il donc vous l’apprendre ? -
Et Monsieur de Goncourt pourrait vous faire pendre ;

N’avoir pas sur son mur un pastel de Duez
Mais plutôt du papier de l’Isthme de Suez.


Ne jamais demander une audience au Pape ;
Se passer de Bazile ainsi que d’Esculape.

Permettant à tout Nîmois de tuer son taureau
Du moment qu’on jouit en France du bourreau ;

Ne pas confondre avec la musique des Sphères
La voix que fait entendre Albert Wolf
*à ses frères…

(on me dit qu’il est mort ? C’est bien possible, mais
N’entends-on point sa voix, hélas ! Plus que jamais.)

Ne point dire du mal, comme ça vous arrive
Des magistrats, il faut que tout le monde vive ;

Enfin, sans la chercher, attendre en paix la mort
Qui devra vous trouver, sans crainte, sans remord,

Sans vous causer non plus autrement de surprises
Que ne fait un prunier où poussent des cerises ;

C’est un commencement, n’est-il pas vrai, Seigneur ?
Vers la Sagesse comme aussi vers le Bonheur.


Raoul Ponchon
le Courrier Français
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