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INFERIORITE DE LA FEMME
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Or, le Scandinave Strindberg,
Plus avant que tout Heidelberg,
Est venu de son iceberg.*
Il nous apporte la lumière,
Et comme vérité première
Voici qu’elle est coutumière :
« - Jeunes pucelles ou nounous
Quelconques, - dit-il - bien que nous
Soyons toujours à vos genoux,
« Vous nous êtes inférieures
Combien ! Par vos extérieures
Qualités comme intérieures.
« Notre crâne est beaucoup plus dur,
Notre sang est beaucoup plus pur.
Le vôtre est beaucoup plus obscur.
« Votre cerveau que je méprise,
Contient moins de substance grise
Et bien moins que le nôtre il frise.
« Vous me direz : « Mais nous nichons
Dans nos corsets plus de nichons
Que vous, eh ! tas de cornichons ? »
« Bien sûr. Et aussi de la fesse
Plus rebondie et plus épaisse,
Depuis longtemps je le confesse.
« Mais vous êtes folles vraiment ;
Ca n’est pas dans le fondement
Que réside l’entendement.
« Mais la barbe toute-puissante ?
Elle est sortie, elle est absente,
Je sais bien… sans doute… indécentes.
« Vos sens sont moins développés
Car, guère ne les occupez
Que sur les fringants canapés.
« Vous voyez vert ce qui est rouge :
Et quand vous regardez Montrouge
C’est qu’il vous faut le Moulin-Rouge.
« Femmes, vous essaierez en vain
De goûter un verre de vin :
Autant le foutre en un ravin.
« Mon Dieu, vous n’êtes pas muettes,
Mais il ne vient de vos luettes
Que des sornettes, des bluettes.
« … Sourdes évidemment non plus,
Mais vous vous laissez prendre aux glus
De discoureurs hurluberlus.
« Votre toucher, quoiqu’on en dise,
A tort la petite bêtise,
Près du nôtre est de la sottise.
« Voyons, Fifine, et vous, Nini,
Raclez-vous tel Paganini
Du violon ? Ah ! que nenni.
« Et je puis jurer sur mon âme
Qu’un homme aux doigts d’hippopotame
Coud mieux un bouton qu’une femme.
« Vous voyez bien : l’homme est meilleur.
Quant à votre flair d’artilleur,
Il est en quelque sorte ailleurs.
« De plus, tous les mois vos… histoires
Diminuent de façon notoire
Vos facultés comprenatoires.
« Vous n’en avez pas déjà tant.
Vous vous en allez végétant,
Et votre génie ? On l’attend.
« O personnes du sexe pire !
Laquelle de vous fut Shakespeare ?
C’est à le savoir que j’aspire.
« Lesquelles de vous, ô poupées !
Ecrivirent des épopées ?
Voire même des éthopées ?*
« Laquelle est Francisque Sarcey ?
Laquelle a jamais conversé
Comme cet amant de Circé ? *
« Quelle est un nouveau Caurobert
Ou seulement un Paul Robert ?
Plus simplement encore un Bert ?
« Laquelle maîtresse ou servante
Va se donner comme savante ?
S’il en est une, elle se vante.
« Ainsi donc, femmes, pour que vous
Soyez à la hauteur de nous
Il faudrait boucher bien des trous.
RAOUL PONCHON
le Courrier Français
10 fév. 1895
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