25 sept. 2007

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Que les cinq cents mille diables
En des tourments effroyables
Plongent le noir abruti,
Le microcéphale immense
Qui, dans un jour de démence,
Inventa le confetti. *

Que jusqu’à la fin des mondes
Ces petits papiers immondes
Le harcèlent nuit et jour ;
Qu’ils lui soient comme des tiques,
Des maringouins des tropiques
Aux piqûres sans retour !

Qu’il en trouve dans sa coupe,
Qu’il en trouve dans sa soupe,
Qu’il en trouve dans son lit,
Dans la paille de ses chaises ;
Qu’ils se changent en punaises,
Et ce sera pain bénit.

Qu’il n’ait jamais dans ses poches,
Ses caisses et ses sacoches
Que ses sales confetti ;
Que la lumière ils lui voilent ;
Que les cieux pour lui s’étoilent
De ces mêmes confetti !

Quoi ! pendant trois jours de suite
On a dû prendre la fuite
Ou rester chambré chez soi
Pour éviter la torture
De ces petites ordures !
Se peut-il que cela soit ?
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O Ville spirituelle,
Paris ! à l’heure actuelle
C’est donc à ce petit jeu
De cretin que tu t’amuses !
Qué malheur ! disent les Muses !
Le Seigneur dit : J’en suis bleu !
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Pendant que comme une éponge
L’Anglais pressait ce vieux
Cronje,Ici, nous autres pompiers,
Nous nous lancions à la tête,
Pendant ces trois jours de fête,
Des petits ronds de papier !

Et, faut-il que l’on répète
Ce qu’est chez nous une fête ?
C’est le droit indiscuté
Qu’a la moitié de la foule
Sur l’autre qu’elle saboule
Au nom de la Liberté.

Je sais ce qu’on va me dire,
Je l’entends depuis l’Empire :
“ Porte tes pieds autre part,
Espèce de trouble-fête,
Si le confetti t’embête
Ne viens pas au boulevard.
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“Pardine, on me la fout belle !
Si le boulevard m’appelle ?
Si c’est présisément là
Que je demeure ? quoi faire ?
Et si j’y veux boire un verre
Seulement, quoi dire à cela ?

C’est mon cas. Et alors, parce
Que la foule, cette garce,
A lâché son cabanon,
Qu’il me faut, sans plus d’études,
Rompre avec mes habitudes ?
Ah non ! par exemple, non !

Tous les jours, selon ma norme,
Avec mon brave Delorme
Et sur le boulevard, je
Veux prendre une absinthe verde,
Et cela, sans qu’on m’emmerde :
C’est bien le moins, nom de Dieu !
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Raoul Ponchon
le Courrier Français
04 mars 1901
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