25 sept. 2007

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MIRACLES
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Muni de la coquille,
Et souquenille
*
Du parfait pèlerin
J’ai pris le train,

Comme tant d’autres gourdes,
Qui mène à Lourdes,
La jambe dans un étau
Sur un plateau ;

Je m’étais fait des plaies
Bariolées
Avec le jus visqueux
De l’herbe aux gueux.

Et tout ça pour la frime
Et pour la rime,
Pour n’être pas moqué,
Pas remarqué.


Car j’ai honte de l’écrire
Mais je dois dire
Que je n’ai pas la foi :
Priez pour moi.

La Foi ne se commande.
Je ne demande
Pas mieux de l’avoir,
Faut voir, faut voir.

Elle m’attend sans doute
- Pensais-je en route -
Il s’en manque d’un fil :
Ainsi soit-il !

Eh bien, vous pouvez rire,
C’est, je dois dire,
Ce qui m’est arrivé,
Car j’ai rêvé.

Car j’ai vu le spectacle
D’un vrai miracle :
Que dis-je, d’un ?… de cent,
C’est renversant.

J’en suis encor tout chose,
Tout vert, tout rose…
Mais n’anticipons pas ;
Allons au pas.

J’arrivai donc à Lourde
La jambe gourde,
Et fus - bien vous pensez -
Au plus pressé,

C’est-à-dire à la grotte
Où Bernadotte…
Bernadette… pardon,
Une dondon,

Vit, ce dit-on, la Vierge,
La… demi-Vierge
Dans les bras d’un lancier,
D’un officier.

Je quittai mes béquilles,
Repris mes quilles
Et là j’observai les
Miraculés.


Longue en serait la liste.
Mais je n’insiste
Sur les muets chenus
Sourds devenus,

Ni sur les hydropiques,
Les rachitiques
Guéris en peu de temps
Du mal de dents ;

Tout ça c’est des broutilles,
C’est des vétilles…
Non, non, ce que j’ai vu,
De mes yeux vu

Et qui me laisse encore
Multicolore,
C’est le cas insensé
Du gros Sarcey :

Vous savez que notre oncle,
Notre furoncle
N’avait plus d’appétit,
Etait rousti,

Ne pouvant prendre à peine
En sa déveine
Qu’un œuf d’autruche ou deux
Par jour, c’est peu.


Eh bien, dans l’eau de Lourde
Quand notre gourde
Eut par trois fois plongé
Il a mangé

Une autruche à la broche
Sans anicroche,
Sans compter d’autres plats :
Alleluia



RAOUL PONCHON
le Courrier Français



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