20 sept. 2007

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Ce qu’on voit à la Sculpture
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Des Dianes, des Vénus,
Des bacchantes, des Bacchus,

Des Amours, et des Fortunes
Aussi pauvres que la Lune,

Des cygnes sur leurs Lédas,
Des Jeannes d’Arc à dada,

Des faunes prenant les fesses
A ces dames les faunesses,

Des Chists et des Madeleines
Et des Innocences - pleines,

Des Enigmes et des Sphinx,
Des joueuses de syrinx,
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Des Fontaines et des Fleuves
Et des Arianes veuves,

Des Laïs et des Phrynés,
Avec des tas de nénés,
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Et de petites Luxures
Qui s’appellent les Mercures,

Des « Avant, » « Après le Bain »
Selon l’heure du turbin,

Des Victoires et des Muses,
Des monuments à des morts,

De jeunes primavera
D’antiques « Pro Patria »

Beaucoup de Bayards enclins
A devenir Duguesclins,

Duguesclins qui tôt ou tard
Redeviendront Bayards,

Des Amphions, des Orphées
Qui chantent dans les cafés,

Un lot de « premiers désirs »
Un flot de « derniers espoirs, »

Pas mal de « jeunes martyrs,
Une quantité de poires,

Des gueules de magistrats,
- Cà voilà qui n’est pas gras -


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Enfin des bustes de - pieds -
Des tararabust’di hé,

Le tout en marbre et en bois,
Bronze et plâtre aussi des fois ;

Notre joie est bien plus grande
Quand nous voyons de la viande.




Raoul Ponchon
1894

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