14 sept. 2007

Ballade pour boire
à la santé de Villon


Mes fins piliers de cabaret,
Dont la soif jamais ne sommeille,
Gosiers secs au point qu’on dirait
Que vous n’avez rien bu la veille,
Buveurs dont la trogne vermeille
Abusa plus d’un papillon
Et fit la cour à mainte abeille,
- A la santé du grand Villon !

Ce gentil joli vin clairet,
Eau de jouvence et de merveille,
Donne au plus traînard du jarret,
Et que Margot soit jeune ou vieille,
Ou moins blanche qu’une corneille
Qu’importe ? Dans son corbillon
Il mettra du lard en bouteille,
- A la santé du grand Villon

Si vous n’aviez pas le secret
De l’art qui fit prince Corneille,
Si la muse ne murmurait
Jamais de vers à votre oreille,
Fussent-ils même de Marseille ;
Ah ! Pendez-vous, brave Crillon,
*
Sans hésiter à quelque treille,
- A la santé du grand Villon !



Envoi

Prince, avec une ardeur pareille
Buvons : vous, bon vin morillon,
Moi, vin plus sur que l’oseille,
- A la santé du grand Villon !




Raoul Ponchon

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